Comédie dramatique initiatique pleine de charme avec des pingouins et un John Hurt époustouflant. Culte.
Mr Forbush and the penguins (1971)
Réalisé par Al Viola, Roy Boulting et Arne Sucksdorff
Écrit par Anthony Shaffer d’après le roman de Graham Billing
Avec John Hurt, Hayley Mills, Dudley Sutton, Tony Britton,…
Directeur de la photographie : Harry Waxman
Produit par Henry Trettin pour British Lion et EMI
98 mn
UK
Richard Forbush (John Hurt) est un étudiant en biologie à Londres. Mais avec des conditions de vie quelque peu différentes de la moyenne des étudiants. Il vit dans un somptueux loft et a un majordome. Tombeur invétéré, il passe plus de temps à séduire des jeunes femmes qu’à étudier. Cependant avec Tara (Hayley Mills), qui travaille comme serveuse pour payer ses études, il tombe sur un os. Et pour lui prouver qu’il n’est pas si futile qu’elle le croit, il accepte une mission de six mois en Antarctique pour surveiller une colonie de pingouins.
Bien avant « La Marche de l’Empereur » (2005), les pingouins avaient déjà été au moins au coeur d’un film. Sorti en 1971, « Mr Forbush and the penguins » n’est cependant pas un documentaire animalier mais bien un film qui tente de répondre à une simple question « Est-ce que lutter pour sa survie dans des conditions extrêmes avec pour seule compagnie des animaux peut changer un homme ? ».
Le film lui-même a connu une gestation compliquée. Il est tiré d’un roman écrit par le journaliste et écrivain voyageur néo-zélandais Graham Billing et largement tiré de son expérience personnelle. PGL, compagnie de production créée par Al Viola et Henry Tettrin, avait plusieurs projets en cours mais c’est celui-ci qui a attiré British Lion. Viola (qui prend la casquette de réalisateur) et Tettrin (producteur) ont alors demandé à un ex producteur de pub télé, Anthony Shaffer d’adapter le roman de Billing.
Le tournage débutera en Antarctique en décembre 1969, avec un deuxième réalisateur Arne Sucksdorff qui tournera les séquences animalières, mais c’est au retour au bercail que les choses se gâtent. Les partenaires financiers s’inquiètent des scènes de studio et de la cohérence de l’ensemble ainsi que de la prestation de l’actrice qui joue le rôle de Tara. Viola est remercié (il gardera néanmoins son nom au générique) et remplacé à pied levé par le vétéran Roy Boulting qui retourne toutes les scènes londoniennes avec une nouvelle actrice, sa femme, la jeune et belle Hayley Mills. Le film sortira ensuite en catimini et sera proprement enterré.
Au fil des années, le film a gagné une aura culte. Mais est-elle méritée ? J’avoue que je suis tombé sous le charme de « Mr Forbush ». La première partie londonienne, comédie centrée sur la vie dissolue menée par Richard et sa rencontre salvatrice avec Tara est un peu désuète et démonstrative, voire maladroite, mais pas désagréable. Et les deux autres tiers, dans l’Antarctique, sont assez magiques. Et l’on voit Richard, qui débarque avec malles en cuir, manteaux de fourrure et un stock de nourriture de son épicier de luxe favori, se transformer lentement en être humain.
Tara va être témoin de ce changement grâce aux cassettes et lettres qu’il lui envoie. A la fin, Richard va atteindre un état proche de la folie qui va l’amener à envisager une solution désespérée et ridicule pour protéger ses chers pingouins de leurs prédateurs naturels. Lui qui ne vivait que pour lui-même, dans une insouciance totale, va apprendre au contact de ces drôles d’oiseau l’intérêt du groupe, la fragilité de la vie.
Évidemment, tout ceci est assez basique (on dirait presque du Disney pour adultes), mais transcendé par l’interprétation magistrale de John Hurt et la beauté sauvage et brutale des séquences en Antarctique et de la vie de Richard avec les pingouins.
A noter que si le réalisateur original Al Viola a disparu sans laisser d’adresse (difficile d’ailleurs de savoir ce qui reste de lui dans la version finale), le scénariste Anthony Shaffer est devenu un scénariste culte grâce à trois oeuvres majeures bien que très différents l’une de l’autre : « Frenzy« , « Sleuth » (Le Limier) et « The Wicker Man« .
DVD Momentum / Studio Canal. Audio en anglais. Aucun sous-titre.