Entre film d’aventures lyrique et drame métaphysique aux allures shakespeariennes, le souvent mésestimé « Moby Dick » fait partie des classiques signés John Huston

Moby Dick (1956)

Réalisé par John Huston

Ecrit par Ray Bradbury et John Huston d’après le roman de Herman Melville

Avec Gregory Peck, Richard Basehart, Leo Genn, James Robertson Justice, Harry Andrews, Orson Welles, Friedrich von Ledebur, Bernard Miles,…

Direction de la photographie : Oswald Morris / Direction artistique : Ralph W. Brinton / Montage : Russell Lloyd / Musique : Philip Sainton

Produit par John Huston pour Moulin Pictures

Aventures / Drame

116mn

UK / USA

John Houston n’avait pas peur des monstres. Que ce soit des animaux dangereux (il était passionné de chasse de grands fauves et de corrida), des personnages plus grands que nature au bord de la folie et dans une quête absurde qui ne peut mener qu’à l’auto destruction ou encore les oeuvres littéraires complexes et jugées inadaptables.

« Moby Dick », écrit par Herman Melville et publié en 1851, est un monument de la littérature américaine. Mais si beaucoup connaissent en gros l’histoire devenue mythique de la lutte à mort entre le capitaine Achab et la baleine monstrueuse, nettement moins nombreux sont ceux qui l’ont lu. Le livre est long, complexe, riche en

Pour porter à l’écran « Moby Dick, Huston s’est adjoint les services de l’écrivain Ray Bradbury, célèbre pour ses romans de SF (« The Martian Chronicles » publié en 1950, « Fahrenheit 451 » en 1953). Ses histoires sont sont déjà alors largement adaptées à la télévision et au cinéma, et il commence à écrire des histoires originales pour la télévision britannique. Bradbury donnera un compte rendu romancé de sa collaboration avec Huston dans « Green Shadows, White Whale » (1990).

Le résultat est un scénario lyrique où certaines figures, comme le capitaine Abab ou le père Mapple (Orson Welles) sont revêtu d’une aura shakespearienne et se rapprochant parfois du drame métaphysique. La dramaturgie est appuyée par une photographie (signée par le britannique Oswald Morris) délavée en opposition au technicolor flamboyant généralement de mise pour les films d’aventure à grand budget, genre dans lequel s’inscrit « Moby Dick », mais qu’il prend à contrepied.

Filmé entre l’Irlande (pour les scènes de port), l’Espagne et le Portugal (pour les scènes en pleine mer) et un bassin créé aux Studios D’Elstree, le tournage se révélera épique forcément mais comparé à « The African Queen » (1951), ce fut une promenade de santé.

« Moby Dick » est rarement inclus dans le top cinq des films de Huston, mais vue la richesse de sa filmographie, ce n’est pas une insulte non plus pour « Moby Dick ». Difficile de reproduire la complexité de l’oeuvre de Melville (non que ça ait jamais effrayé Huston). Et bien sûr, Gregory Peck est incontestablement trop jeune et trop lisse pour le rôle principal. Néanmoins Huston et son directeur artistique Ralph W. Brinton (Tom Jones, Odd Man Out,…) font des miracles pour reconstituer efficacement cette chasse à la baleine, et les scènes avec Moby Dick restent impressionnantes, près de soixante dix ans plus tard.

DVD/Blu-ray FR. Studio Rimini (2017). Version originale avec sous-titres français et version française. Bonus : entretiens avec le cinéaste Philippe Ramos et l’historien du cinéma Pierre Berthomieu