Un portrait réaliste et bien vu sur une vie embourgeoisée. Un choix, une nécessité ou des regrets à vie ?
Metroland (1997)
Réalisé par Philip Saville
Ecrit par Adrian Hodges d’après le roman de Julian Barnes
Avec Christian Bale, Emily Watson, Lee Ross, Elsa Zylberstein, Rufus,…
Directeur de la photographie : Jean-François Robin
Production Arts Council of England, Blue Horizon Productions, Eurimages,…
Comédie dramatique
105 mn
UK, France et Espagne
En Angleterre a la fin des années 1970, Chris (Christian Bale) vit avec sa femme Marion (Emily Watson) et leur enfant dans la banlieue grise de son enfance, Metroland. Toni (Lee Ross), un ami d’enfance qui voyage encore aux quatre coins du monde, resurgit dans sa vie et vient troubler l’apparente monotonie de la vie de Chris. Tous deux évoquent leurs vingt ans et leur vie de bohème, leur désir d’être artistes. Chris se souvient de sa vie à Paris et de sa liaison avec une jeune Française, Annick (Elsa Zylberstein). Ne s’est-il pas enterré un peut tôt?
Drôle de film sur un sujet grave sans l’être. La perte des illusions, le fait de se ranger et les regrets qui vont avec. « Et si j’avais… ». Chris, comme chacun d’entre nous, peut se demander, une fois rangé, s’il a fait les bons choix, s’il n’a pas raté l’opportunité de vivre quelque chose de plus riche, loin de la grisaille du quotidien. Et de ce côté, « Metroland » réussit très bien à nous mettre mal à l’aise (à moins que de votre côté vous soyez trop jeune pour avoir des regrets ou que vous n’en ayez pas l’ombre d’un).
Metroland n’est pas un lieu, c’est un état d’esprit
Le film enfile quelques clichés agaçants (notamment sur le Paris romantique et pseudo-révolutionnaire de la fin des années 60) mais sinon reste psychologiquement juste, et convaincant grâce à la prestation des acteurs principaux, dont Christian Bale, dans un rôle à des années lumières de ceux qui l’ont rendu populaire quelques années plus tard (American Psycho, Batman,…). Etonnamment pour ceux qui ne connaissent que sa période américaine, Bale est convaincant en homme ordinaire en pleine crise existentielle.
La conclusion du film peut laisser sur sa faim, mais elle est après tout bien plus réaliste que l’autre voie qui s’ouvrait à Chris. Et surtout le film ne tranche pas complètement entre Chris et Toni, entre l’ « adulte responsable » et l’ « adolescent immature » (il n’est pas pour rien situé à la fin des années 70 où le punk commence à remettre en cause l’embourgeoisement des classes moyennes et populaires anglaises – et alors que Thatcher s’apprête à prendre le pouvoir). Chacun reste maitre de ses choix, et est responsable de la direction que prend sa vie. Chris avait eu un choix, il l’a fait, que ce soit pour le meilleur et le pire.
La réalisation de Philip Saville est tout à fait honnête, quoi qu’un peu vieillotte (et surtout le DVD zone 1 que j’ai eu l’occasion de visionner est particulièrement terne, c’est dommage – à noter que le film a été également édité en zone 2 – mais est aujourd’hui quasi introuvable).
Notons que Saville s’est surtout fait remarqué à la télévision anglaise où il a signé de nombreux téléfilms pour les grandes anthologies des années 50 et 70 (Armchair Theatre, Play For Today,…) et des mini séries (dont le très réputé « Boys from the blackstuff »). « Metroland » est l’un de ses rares écarts vers le grand écran, mais est également marqué par son style très terre à terre, sans esbroufe, habitué à mettre en valeur un texte et des acteurs.
DVD zone 2 Metrodome. Présence de sous titres inconnue.
DVD zone 1 Universal studios. Sous titres anglais et espagnols.