80 ans après sa sortie Man of Aran reste un documentaire impressionnant sur la rudesse de la vie des habitants de cet archipel mythique.

L'homme d'Aran

Man of Aran (1934)

(L’homme d’Aran)

Ecrit et réalisé par Robert J. Flaherty

Avec Colman ‘Tiger’ King, Maggie Dirrane, Michael Dirrane,…

Directeur de la photographie : Robert J. Flaherty

Produit par Michael Balcon pour Gainsborough Pictures

Documentaire

76mn

UK

Ce documentaire mythique décrit la vie des habitants des iles d’Aran au large des cotes irlandaises.

En 1935, Robert J. Flaherty était un documentariste déjà reconnu pour son reportage sur la vie des Inuits « Nanook of the North » (1922). Le documentaire s’attachait à la vie quotidienne de Nanook et de sa famille. C’est la même approche que Flaherty a retenu pour « Man of Aran ». Pendant près de 80 mn nous suivons la vie rude des habitants de cet archipel irlandais à travers la vie quotidienne d’un homme, de sa femme et de son jeune fils.

Le film reste aujourd’hui visuellement impressionnant notamment grâce aux scènes de chasse au requin et de tempête à la toute fin du film. On ne peut que saluer Flaherty d’avoir tourné dans de telles conditions. Selon Joe Mc Mahon dans son article sur le tournage du film (publié dans le livre « The book of Aran », 1994), Flaherty utilisait deux caméras et tournait le maximum d’images. « En tout il a utilisé plus de 500.000 pieds de pellicule. En une seule journée, avec deux caméras, il tourna jusqu’à 5.600 pieds. » Selon mes calculs, il aurait ainsi tourné entre 70 et 80 heures de pellicule !

Mais Flaherty, bien que documentariste, n’est pas un adepte du 100% réalisme (la famille au centre du film a ainsi été créée de toute pièce et toutes les scènes jouées pour la caméra) : « Je filme ce que la caméra veut bien filmer » se défendra-t-il. Déjà à l’époque de sa sortie, s’il a connu un grand succès critique et public, le réalisme de « Man of Aran » a fait l’objet de discussions, certains reprochant à Flaherty de montrer une vision idéalisée de la vie des habitants de l’archipel sans se pencher sur la question de leur extrême pauvreté.

L’une des scènes les plus connues du film, celle de la chasse au harpon du requin pèlerin, a été montée de toute pièce. Au début des années 30, cela faisait déjà près d’un siècle que les habitants d’Aran ne péchaient plus le requin pour récupérer l’huile et ainsi allumer leurs lampes. Flaherty a du faire venir un vieux pécheur irlandais pour leur ré-apprendre les techniques de pêche au harpon !

L’ile d’Aran était mythique bien avant le film de Flaherty notamment grâce à Yeates et surtout Synge (The Aran Islands, 1901). Mais le film a encore renforcé la fascination exercée par l’ile dans l’esprit d’un public en quête d’authenticité.

Les dialogues rajoutés en post prod, ainsi que des lenteurs, gâchent un peu le plaisir, mais le coté spectaculaire de certaines séquences reste intact, 80 ans après sa sortie. Ceux qui s’intéressent au sujet, mais sont rebutés par le coté documentaire (et l’absence de trame narrative) pourront préférer voir « The edge of the world », vrai film et premier chef d’oeuvre de Michael Powell, tourné trois ans plus tard sur l’ile écossaise de Foula.

En tout cas le chef d’oeuvre de Flaherty continue de soulever les passions. Témoin cet article très fouillé en français sur dvdclassik : http://www.dvdclassik.com/article/sur-les-traces-de-l-homme-d-aran

Disponible dans le coffret Robert Flaherty, Editions Montparnasse. Version originale avec des sous-titres.