Un mélodrame italien 100% british. Audacieux mais bancal. Avec Stewart Granger en brigand tout droit sorti des quartiers mal famés de Florence ! Mythique.
Madonna of the Seven Moons (1945)
(La madone aux deux visages)
Réalisé par Arthur Crabtree
Ecrit par Roland Pertwee d’après le roman de Margery Lawrence
Avec Phyllis Calvert, Stewart Granger, Patricia Roc,…
Directeur de la photo : Jack E. Cox
Produit par R.J. Minney pour Gainsborough Pictures
Mélodrame
110 mn
UK
Au début du XXe siècle Maddelena (Phyllis Calver), un jeune italienne éduquée dans un couvent, est agressée dans les bois. Vingt ans plus tard, mariée à un homme riche, mais souffrant régulièrement de crises qui la pousse à disparaitre soudainement. Alors que sa fille Angela (Patrica Roc), devenue jeune femme revient d’Angleterre, Maddelena souffre à nouveau d’une crise, et disparait. Angela se rend à Florence pour tenter de la retrouver.
« Madonna of the seven moons » est un mélodrame typique des productions Gainsborough sorties pendant et juste après la seconde guerre mondiale. Alors que la Grande-Bretagne souffre sous le coup des offensives allemandes, et qu’une bonne partie des studios appuient l’effort de guerre en sortant des films de propagande, Gainsborough signe quelques OFNIs complètement détachés de leur époque et du contexte. Un cinéma de divertissement, pas réaliste pour un sou, qui mélange jolis costumes et romances acadabrantesques.
« Madonna… » mérite à ce titre une reconnaissance spéciale. Film censé se dérouler entièrement en Italie, il a été filmé dans les studios londoniens avec un casting 100% british. Cerise sur le gâteau la mère et la fille sont interprétées par des jeunes actrices qui ont exactement le même âge (un peu moins de trente ans à l’époque du tournage) ! Mais après tout, est-ce que tout ça a vraiment une importance ?
Oui et non. En fait le plus gênant ici est que les acteurs se sentent du coup obligés d’en faire des tonnes. Phyllis Calver tente comme elle peut de faire croire qu’elle est une femme d’âge mur à double visage, Patricia Roc qu’elle est une adolescente, et Stewart Granger qu’il est un brigand tout droit sorti des quartiers mal famés de Florence. Pas facile quand même !
D’autant que ce pari assez incroyable est tombé dans les mains d’un directeur photo expérimenté, mais qui ici faisait ses débuts à la réalisation, Arthur Crabtree.
Mais finalement le pire, c’est peut-être bien la faiblesse du script. A moins d’être vraiment amoureux des romances à l’eau de rose, on s’ennuie ferme, et même le revirement du film à mi-chemin, quand Maddalena s’échappe pour Florence et que Nino (Stewart Granger) fait son apparition, ne suffit pas à relancer l’intérêt.
Néanmoins, on pourra être sensible à ce portrait brutal de femme, victime probable d’un viol, et dont l’esprit se retrouve tiraillé entre son destin fabriqué de jeune femme bien éduquée et son esprit brisé qui fait d’elle une gitane à la forte personnalité et à la vie dépravée. Une sorte de Dr Jekyll and Mister Hyde au féminin assez audacieux pour l’époque.
Coffret DVD Criterion Collection « Eclipse 36: Three Wicked Melodramas from Gainsborough Pictures ». Version originale avec sous titres anglais.