Une comédie noire des années 70 anarchiste un peu trop hystérique et branchée pour être honnête.
Loot (1970)
(Le magot)
Réalisé par Silvio Narizzano
Ecrit par Alan Simpson et Ray Galton d’après la pièce de Joe Orton
Avec Richard Attenborough, Lee Remick, Hywel Bennett, Milo O’Shea, Roy Holder,…
Directeur de la photographie : Austin Dempster
Produit par Arthur Lewis pour British Lion
Comédie
UK
Dennis (Hywel Bennett) et Hal (Roy Holder) profitent du décès de la mère de Hal pour organiser le cambriolage d’une banque. Mais l’inspecteur Truscott (Richard Attenborough) les soupçonne et ils ont beaucoup de mal à récupérer le magot caché dans le cercueil de la mère et à remettre le corps à sa place !
« Loot » est une comédie noire tirée de la pièce éponyme de Joe Orton. Ce dernier est un célèbre dramaturge anglais, ouvertement homosexuel (à une époque où c’était encore considéré comme un crime outre-manche) et qui a eu une carrière brève mais prolifique entre 1963 et 1967, date à laquelle il a été sauvagement assassiné par son partenaire.
Parmi la poignée de pièces qu’il a laissé derrière lui, deux seront adaptées au cinéma en 1970 : « Entertaining Mr Sloane » par Douglas Hickox et donc « Loot » par le québécois d’origine américano-italienne Silvio Narizzano.
Si le film de Hickox a été plutôt bien reçu, ce ne fut pas le cas de « Loot ». En regardant le film aujourd’hui on peut comprendre pourquoi. Si le matériau original relève de la farce morbide (un sous-genre à part entière de la comédie anglaise), le traitement cinématographique en rajoute une couche et enveloppe le tout dans un enrobage très marqué par l’époque. Les couleurs sont flashy à vous en donner mal au crâne (la décoration de l’hôtel vaut son pesant de fumette), et la musique pop/folk qui commente l’action est également très datée. Le tout se voulait probablement branché afin de séduire la jeunesse d’alors. C’était peut être encore plus agaçant à l’époque, alors qu’aujourd’hui on peut regarder l’ensemble avec une certaine compréhension teintée de condescendance. Ah, les années 70 !
De même, tous les acteurs en font des tonnes à commencer par ce cher Richard Attenborough dans le rôle de l’inspecteur idiot, cupide et qui ne rechigne pas à un peu de violence pour précipiter des aveux. A noter aussi les performances délirantes de Lee Remick en infirmière blonde platine serial marieuse et killeuse, de Milo O’Shea en veuf naïf et empoté ou encore de Hywel Bennett et Roy Holder dans le rôle des deux jeunes compères apprentis cambrioleurs prêts à tout pour emporter leur magot.
Mais malgré ses défauts formels et son hystérie 70s parfois fatigante qui le pousse vers l’auto-caricature et qui finalement dessert le texte de Joe Orton, « Loot » reste une satire virulente et anarchiste regardable qui se moque de l’autorité, qu’elle soit parentale, religieuse ou policière. Et ça fait toujours du bien !
Le corps de Mme McLeavy va subir quasiment tous les outrages. Mais bon, est-ce si important ? Après tout, c’est une protestante et le reste de sa famille est catholique, elle n’ira probablement jamais au ciel.
A noter que le corps est ici « interprété » par une actrice bien vivante (Jean Marlow) et non un mannequin. Ceci en clin d’oeil à la censure théâtrale qui avait imposé à Orton des coupes dans son texte mais indiquait aussi de façon fort étrange qu’il était hors de question que le corps soit interprété sur scène par une actrice ou un acteur. Dont acte.
[xrr rating=6/10]
DVD zone 2 UK. Studio Cinema Club. Version originale sans sous-titres