Une comédie dramatique qui tente de mêler fantaisie et réalisme pour traiter de la jeunesse paumée issue de l’ère Thatchérienne
London Kills Me (1991)
Ecrit et réalisé par Hanif Kureishi
Avec Justin Chadwick, Steven Mackintosh, Emer McCourt, Fiona Shaw, Alun Armstrong, Brad Dourif…
Directeur de la photographie : Edward Lachman
Produit par Tim Bevan
Social / Comédie dramatique
UK
Clint Eastwood (Justin Chadwick) est un marginal qui traine dans le West London et qui vend de la drogue pour survivre pour le compte de son ami Muffdiver (Steven Mackintosh). Après avoir été battu, il décide de changer de vie et de trouer un vrai boulot. Le propriétaire d’un restaurant est prêt à lui donner sa chance, mais il faut qu’il trouve de vraies chaussures présentables. Commence alors une vraie quête du Graal.
London Kills Me (1991) est un film aujourd’hui largement oublié et indisponible en DVD à ce jour (octobre 2015). Pourtant le film est signé par l’un des romanciers, dramaturges et scénaristes les plus réputés du Royaume Uni, Hanif Kureishi.
D’origine pakistanaise, Kureishi avait fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma en livrant deux scénarios originaux dont le succès vont lancer définitivement la carrière de Stephen Frears sur grand écran : « My Beautiful Laundrette » (1985) et « Sammy and Rosie Get Laid » (1987).
Après deux telles réussites, Kureishi a cédé à la tentation de mettre en scène lui-même son propre scénario.
« London Kills Me » s’intéresse à la vie d’un groupe de marginaux dans le West London. Le chef de la bande de bras-cassés, Muffdiver organise un petit traffic de drogue avec ses camarades et est bien décidé à passer à la vitesse supérieure. Mais son ami et bras droit Clint veut changer de vie après s’être fait tabasser. Et les deux hommes voient leur amitié mise à dure épreuve par l’arrivée de Sylvie, aussi jolie que junkie.
Afin de décrocher un job de serveur dans un restaurant, Clint va se lancer dans une quête d’une paire décente de chaussures qui se révélera être aussi compliquée que celle du Roi Arthur à la recherche du Graal.
Avec un tel point de départ, on se doute que le film n’est pas dépourvu d’humour. Il reste néanmoins assez dur, décrivant avec une volonté de réalisme la brutalité de la vie londonienne pour un marginal.
Reste que cette volonté de réalisme est un peu mise à mal par le côté caricatural des personnages, la fantaisie de certaines situations et une interprétation pas toujours égale. A l’image de Justin Chadwick qui décroche ici son premier rôle au cinéma et dans le rôle principal qui plus est. Si Chadwick va continuer par la suite une carrière d’acteur à la télévision durant les années 90, il va surtout se faire connaitre en tant que réalisateur, à la télévision toujours dans un premier temps, puis au cinéma (« The Other Boleyn Girl » en 2008, « The first Grader » en 2010 et « Mandela: Long Walk to Freedom » en 2014).
Le film recevra un accueil glacial de la part du public et de la critique. Ceci explique sûrement pourquoi Kureishi n’a pas réalisé d’autres films, se contentant d’écrire des scénarios. N’est pas réalisateur qui veut, néanmoins l’oubli dans lequel est tombé ce petit film indépendant est loin d’être mérité, et « London Kills Me » reste une capsule intéressante sur le Londres du début des années 90, annonçant avec cinq ans d’avance « Trainspotting » qui lui portera un regard bien plus radical mais aussi plus dans l’air du temps sur la jeunesse post-Thatchérienne.
[xrr rating=7/10]
Indisponible en DVD (octobre 2015)