Un film chorale ambitieux et plutôt réussi dans le Londres de la fin des années 30
London Belongs to Me (1948)
Réalisé par Sidney Gilliat
Ecrit par Sidney Gilliat et JB Williams d’après le roman de Norman Collins
Avec Richard Attenborough, Alastair Sim, Fay Compton, Wylie Watson,…
Directeur de la photographie : Wilkie Cooper
Produit par Sidney Gilliat et Frank Launder pour Individual Pictures
Drame / Comédie / crime
Durée 112 mn
UK
A la fin des années 30, une maison du South London accueille des pensionnaires variés. Les jours s’égrènent paisiblement jusqu’à ce que l’apparition d’un médium et l’arrestation pour meurtre du fils d’une pensionnaire ne viennent perturber la vie des habitants.
« London Belongs to me » est un film chorale ambitieux qui propose de suivre la vie bientôt chamboulée des pensionnaires d’une grande maison sise dans le South London juste avant la seconde guerre mondiale. Tourné après guerre, l’ombre de celle-ci est pourtant à peine visible. Seul le vieil oncle excentrique semble s’inquiéter des événements internationaux qui vont bientôt précipiter Londres sous les bombes.
Adapté assez librement du roman de Norman Collins publié en 1945 (il faut dire que le livre est un pavé luxuriant de plus de 700 pages), « London Belongs to Me » est avant tout une galerie de portraits qui témoigne de la vie des classes (très) moyennes juste avant guerre : une veuve aisée loue des chambres de sa grande maison pour ne pas se retrouver seule et se fait escroquer par un faux medium; un couple humble de retraités qui rêvent de campagne et dont la superbe fille fait tourner les têtes; une femme malade qui ne quitte plus son lit et n’a plus comme horizon que son fils chéri garagiste, ce dernier fricotant avec la pègre pour avoir les moyens d’impressionner la susmentionnée jolie fille de voisins; une veille fille excentrique et radine qui s’occupe du vestiaire dans un club illégal; un vieil oncle qui annonce à tout le monde que la politique de lâcheté menée par les Britanniques envers les nazis à la fin des années 30 va bien finir par leur retomber sur la tête,…
Portés par une brochette d’acteurs ultra talentueux, les personnages prennent vie avec brio. Pour créer un arc narratif fort, le scénario plonge le jeune garagiste Percy (joué par Richard Attenborough) dans une relation destructrice avec la pègre, qui le mènera non vers la richesse mais à un accident stupide et à être accusé de meurtre. Certains pensionnaires prendront alors partie pour Percy.
Juste après le mythique « Brighton Rock » (1947), Richard Attenborough se retrouve dans la peau d’un jeune criminel,. Mais ici son personnage n’a a priori rien à voir avec l’affreux Pinkie Brown… si ce n’est la lâcheté. Car si Percy n’est pas coupable d’un homicide volontaire, son comportement irresponsable est quand même à l’origine d’un accident mortel. Il est donc difficile pour le spectateur d’avoir la même sympathie et la même foi que ses voisins dans l’innocence et la bonté naturelle de Percy. Ce décalage moral est la principale source potentielle de réserve pour le spectateur.
Autre personnage fort, celui de Mr Squales (Alastair Sim), faux médium et vrai escroc, qui est délicieusement ignoble quand il tente sans gêne aucune de se faufiler dans la vie confortable de la veuve à force de mensonges et de flagornerie. Mais il ne faut pas oublier non plus le jeune retraité Mr Josser (interprété par un excellent Wylie Watson), formidable personnage qui sous son apparence terne, révèle des trésors de générosité et de persévérance pour défendre le jeune Percy.
Le scénariste/producteur/ réalisateur de « London Belongs to me » est l’hyperactif Sidney Gilliat. En plus d’une jolie carrière au cinéma (en tant que scénariste et réalisateur), il a été l’un des premiers responsables du département télévision à la BBC et a co-fondé ATV avec Lew Grade.
Ici Sidney Gilliat fait valser son film chorale entre thriller, comédie, film social et drame psychologique ! Le plus étonnant est donc que « London Belongs to Me » tienne la route et reste aujourd’hui un beau film qui mérite d’être (re)découvert.
Le DVD zone 2 est difficilement disponible. Mais on peut voir occasionnellement « London Belongs to me » surgir en streaming notamment sur youtube (évidemment sans sous-titres)