Un thriller juridique non dénué de suspense mais plombé par un manque de réalisme et des acteurs qui sur-jouent.
Libel (1959)
(La nuit est mon ennemie)
Réalisé par Anthony Asquith
Ecrit par Anatole de Grunwald et Karl Tunberg d’après la pièce d’Edward Wooll
Avec Dirk Bogarde, Olivia de Havilland, Paul Massie,…
Directeur de la photographie : Robert Krasker
Produit par Anatole de Grunwald pour De Grunwald Productions
Tourné axu MGM British Studios, Borehamwood
Drame
100mn
UK
Jeffrey Buckenham (Paul Maisse) est convaincu que Sir Mark Sebastian Loddon (Dirk Bogarde) est en fait mort pendant la guerre, et que celui qui a pris sa place est un imposteur. Pour se faire entendre, et percer le mystère, il décide de porter l’affaire devant les tribunaux.
« Libel » est l’adaptation d’une pièce d’Edward Wooll, avocat de son état, qui a débuté en 1935 dans le West End pour ensuivre poursuivre sa carrière à Broadway (où elle a été mise en scène notamment par un certain Otto Preminger).
Un beau succès populaire pour une histoire qui donne il est vrai froid dans le dos. Un imposteur, acteur raté, tue un camarade d’arme fortuné et chatelain, auquel il ressemble étrangement, pour prendre sa place une fois retourné dans la vie civile. Il se marie avec la fiancée de l’homme qu’il remplace, récupère son château et sa fortune, fonde une famille. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où un ancien ami des deux hommes fait son apparition !
Bon, on se dit qu’il va falloir quand même un sacré scénario pour qu’une telle intrigue tienne debout ! Et j’avoue que c’est justement là que le bât blesse. Parce que si « Libel » est un drame juridique assez réputé, j’ai trouvé quand même cette intrigue et ses rebondissement très artificiels, parfois incompréhensibles et souvent improbables.
Le casting est sur le papier de haute volée. On retrouve ainsi l’actrice d’origine anglaise Olivia de Havilland, deux fois oscarisée (en 1947 et 1950), qui dès les années 50 avait mis le frein à sa carrière d’actrice. C’est l’une des rares fois, voire l’unique fois, qu’on la voit au casting d’un film anglais. Dirk Bogarde avait pour sa part acquis le statut de star du grand écran quatre ans plus tôt grâce à la comédie « Doctor in the House ». Ici il prend le contre-pied des rôles légers dans lequel il risquait alors de se retrouver catalogué. Quant à l’acteur canadien Paul Massie, il a fait une bonne partie de sa carrière en Angleterre où il tournera son rôle le plus important du Dr Jekyll l’année suivante pour la Hammer dans « The Two Faces of Dr. Jekyll » de Terence Fisher.
Malheureusement, les trois acteurs principaux (Dirk Bogarde, Olivia de Havilland et Paul Massie) sur-jouent leurs sentiments et leurs réactions à tel point qu’on se croirait parfois dans une parodie de film muet. Un problème de direction d’acteur étonnant car le réalisateur, Anthony Asquith, est en 1959 tout sauf un débutant (on lui doit notamment les classiques « Pygamlion » en 1938 et « The Browning Version » en 1951). Et on peut d’ailleurs signaler qu’il avait déjà une expérience en matière de drame juridique, ayant signé en 1948 le réputé « The Winslow Boys ».
Pour sa part en tout cas, « Libel » manque cruellement de subtilité. A force de faire fi de la crédibilité et de forcer le trait sur les réactions des personnages, le film peut faire naître un sentiment de lassitude chez le spectateur.
[xrr rating=5/10]
DVD zone 1 US. Warner Archives. Version originale sans sous titres