Une comédie dramatique touchante avec une pointe d’humour noir sur le sens de la vie et l’hypocrisie régissant les relations humaines.
Last Holiday (1950)
(Vacances sur ordonnance)
Réalisé par Henry Cass
Ecrit par J.B. Priestley
Avec Alec Guinness, Beatrice Campbell, Kay Walsh, Bernard Lee,…
Directeur de la photographie : Ray Elton
Produit pour Associated British Picture Corporation (ABPC)
Comédie dramatique
88 mn
UK
D’après un diagnostic de son médecin, George Bird (Alec Guinness) n’aurait plus que quelques semaines à vivre. Il décide alors de s’installer dans un luxueux hôtel, où il s’éprend de la gouvernante Mrs Poole (Kay Walsh). En quelques jours George se voit proposer de multiples situations intéressantes et en éprouve un certain dépit, car c’est maintenant qu’il se sait condamné que sa vie devient palpitante.
« Last holiday » est le premier film où Alec Guinness tient le haut de l’affiche. Dans « Kind Hearts… » (« Noblesse Oblige ») sorti l’année auparavant le premier rôle était tenu pr Dennis Price et son omniprésence à l’écran était surtout due au fait qu’il interprétait… 8 rôles. Homme de théâtre brillant, Guinness prouve ici qu’il est capable de tenir un film sur ses épaules – sans se déguiser !
Romancier, dramaturge et scénariste hyper actif, omniprésent sur petit et grand écran dès les années 30, J.B. Priestley signe dans le meilleur des cas des oeuvres à l’arrière goût acide (grâce à une pincée d’humour noir), engagées socialement et n’hésite pas à avoir recours au surnaturel pour faire passer ses messages : « An inspector calls » est sur ce point un bon exemple de son travail. Le problème étant que c’est souvent un peu trop basé sur les dialogues. Normal.
Heureusement ici, « Last holiday » est tout simplement un très bon film. Malgré son pitch assez simple, son rythme lent, le fait que l’action soit globalement confinée dans l’hôtel où George Bird vient passer ses derniers instants, on passe de notre côté un très bon moment.
Malgré le sujet, « Last holiday » n’est pas un film mélodramatique, ni (ouvertement) un film d’humour noir. C’est tout d’abord une galerie de personnages bien construite et sublimée par l’interprétation des différents acteurs (Alec Guinness en tête bien sûr). Bird, commercial sans ami proche ni famille, révèle un certain charisme et une sensibilité qui le rendent attachant. Agissant (enfin) de manière naturelle, s’ouvrant aux autres, il découvre les plaisirs de la vie sociale, suscite l’intérêt voire l’admiration, et entrevoit une autre vie… alors qu’elle est sur le point de se terminer.
Mais voilà. Ces relations sociales sont-elles vraiment sincères ? Ces gens sont-ils juste curieux ou potentiellement de vrais amis ? Sa chance apparente et son succès ne va-t-il pas finir par agacer ?
J.B. Priestley a décidé de répondre à ces questions par l’humour noir et montre l’hypocrisie des relations humaines dans toute sa splendeur. Mais, contrairement à certaines de ses autres oeuvres (« An inspector calls » notamment), ici la démonstration est plus subtile et donc plus efficace.
Par ailleurs, « Last holiday » propose une réflexion, certes pas révolutionnaire mais intéressante sur le sens de la vie et surtout sur la propension que nous avons à la gâcher.
Pour la petite histoire, précisons que le « Last holiday » a eu droit à un improbable remake américain (très libre) en 2006 avec dans le rôle tenu par Alec Guinness… la chanteuse de hip hop Queen Latifah.
A noter que le joli DVD français des éditions Tamasa est accompagné d’un petit livret fort sympathique signé Philippe Pilard.
[xrr rating=8/10]
DVD Zone 2 FR. Editions Tamasa Distribution. Version originale sous titrée en français.