Un thriller horrifique, intimiste et déroutant, par un nouveau réalisateur britannique prometteur Ben Wheatley.
Kill list (2011)
Réalisé par Ben Wheatley
Ecrit par Ben Wheatley et Amy Jump
Avec Neil Maskell, MyAnna Buring, Harry Simpson, Michael Smiley,…
Produit par Rook Films et Warp X
Thriller / Crime / horreur
95 mn
UK
Meurtri dans sa chair et son esprit au cours d’une mission désastreuse à Kiev 8 mois plus tôt, Jay (Neil Maskell), ancien soldat devenu tueur à gages, se retrouve contraint d’accepter un contrat sous la pression de son partenaire Gal (Michael Smiley) et de sa femme, Shen (MyAnna Buring). Jay et Gal reçoivent de leur étrange nouveau client une liste de personnes à éliminer. À mesure qu’ils s’enfoncent dans l’univers sombre et inquiétant de leur mission, Jay recommence à perdre pied : peur et paranoïa le font plonger irrémédiablement au cœur des ténèbres.
Avec ce deuxième film, Ben Wheatley confirme tout le bien qu’on pensait de lui depuis « Down Terrace » (2009). On retrouve le style affiché dans son premier long : les longues scènes de vie quotidienne, semi improvisées, où les personnages se dévoilent (à la Mike Leigh), la caméra mobile mais qui favorise les longs plans et reste toujours centrée sur les personnages, les coupures de montage abruptes, le fond sonore de certaines scènes remplacé par de la musique ou des morceaux de dialogues, et des scènes d’ultra-violence qui arrivent quand on ne s’y attend pas.
La réussite de ce genre d’exercice, qui peut facilement tomber dans l’artificiel, repose en grande partie sur la qualité de jeu des acteurs, et ils sont heureusement très bons (Michael Smiley et Neil Maskell en tête). On peut regretter que le personnage de la femme de Jay (MyAnna Buring), également ancien soldat et poussant son mari à continuer dans sa voie de tueur à gage, ne soit pas plus exploité. Pareil pour le personnage de la petite amie de Gal. En tout cas dans « Kill list » comme dans « Down Terrace », les femmes ne sont pas les dernières à faire preuve de violence ou à encourager leur homme dans cette voie. Ben Wheatley est pour l’égalité des sexes (il a co-scénarisé d’ailleurs ce film avec sa compagne Amy Jump) !
Le film arrive à construire une véritable tension, avec souvent peu d’effets. La construction est néanmoins moins fluide que dans « Down Terrace ». Nous avons ici une première partie très psychologique, une deuxième qui est une succession de crimes violents, et une troisième qui vire vers le fantastique. Avec quand même comme fil rouge, la dérive psychologique de Jay.
La dernière partie (qui n’est pas sans rappeler le cultissime « The Wicker Man« ) en déconcertera plus d’un. On peut soit l’envisager au premier degré, soit la considérer comme une métaphore de la perte d’humanité et de la descente aux enfers de Jay. Elle a en tout cas fait couler beaucoup d’encre sur le net. Si vous êtes allergique aux fins alambiquées et aux questions sans réponses, vous risquez d’être frustré.
Blu-ray ou DVD Wild Side Video, version française et version originale sous-titrée en français. Bonus : Interview de Ben Wheatley et des acteurs (25′) et Making of exclusif à l’édition française (12′)
Dans les commentaires de spectateurs certains n’ont pas apprécié, ou ont été ‘surpris’ par ce qui apparait comme un virage (mais pas vraiment): le changement de ‘genre’ lors de la deuxième partie du film. Hors la piste menant à l’horreur ‘fantastique’ est quand même bien balisée tout au long du film (cf: les étranges contrats que les deux tueurs doivent exécuter, organisés comme des rituels), avec en parallèle leurs problèmes domestiques, leur vécu de soldats (en Irak ??), un besoin urgent de trouver de l’argent, le monde des gangsters ETC…
C’est une démarche originale que j’ai trouvée très convaincante, un bon film d’horreur.
J’ajouterais qu’il y a aussi comme créneau supplémentaire le fait que l’un des deux amis(à la vie, à la mort)et tueurs est anglais, l’autre irlandais (un poil trop caricatural trouve-je) et que leurs querelles ‘culturelles’ sont très drôles (ils se disputent au moment où il faut exécuter un homme …), une bulle d’air dans un contexte de plus en plus menaçant et angoissant.