Film noir très sombre avec de très beaux personnages féminins. Un film fort et rare atypique des studios Ealing.
It always rains on Sunday (1947)
(Il pleut toujours le dimanche)
Réalisé par Robert Hamer
Ecrit par Angus MacPhail, Robert Hamer, Henry Cornelius d’après l’oeuvre d’Arthur La Bern
Avec Googie Withers, John McCallum, Jack Warner, Edward Chapman, Susan Shaw,….
Directeur de la photographie : Douglas Solocombe
Produit par Michael Balcon pour les Ealing Studios
Drame / Thriller / Crime
87 mn
UK
Un dimanche pluvieux comme les autres dans l’East End londonien. Aujourd’hui pourtant quelque chose est différent car un ancien habitant du quartier Tommy Swann (John McCallum) s’est échappé de la prison de Dartmoor et vient chercher de l’aide auprès de son ex fiancée Rose (Googie Withers). Celle-ci a refait sa vie, et a épousé entre temps Alfie, un veuf cinquantenaire sans histoire (David Lines). Pourtant, malgré les risques, elle accepte de l’aider.
Quand on parle du côté sombre des studios Ealing, « It always rains on sunday » est souvent le premier film cité. Contre exemple a priori parfait du film formaté Ealing, dont la production est trop souvent résumée aux comédies communautaires un brin populistes qui ont fait (une partie de) son succès.
« It always rains on sunday » se déroule bien dans une « communauté », celle du East End Londonien mais ici pas de personnages excentriques et sympathiques, et d’événement qui va souder le groupe contre un ennemi commun perturbateur. L’arrivée de l’ancien petit truant du quartier qui s’est échappé de prison vient juste rouvrir des plaies à peine cicatrisées.
Car dans ce quartier pauvre, dans un Londres d’après guerre rationné, même les petits truands ont faim et l’irréparable n’est jamais loin.
Les femmes, véritables centres du film, quand elles ont des enfants, sont prisonnières d’une vie domestique peu réjouissante avec des maris pantouflards ou aventureux, et les jeunes filles se laissent facilement courtiser en échange de quelques bouts de rêve. Le personnage de Rose (incarné avec beaucoup de talent par Googie Withers) a connu ces deux passages obligatoires, et elle aide Tommy en souvenir de cet amour, de cet espoir aujourd’hui disparu.
Film sur les destins et désirs avortés, sur la lâcheté, « It always rains on sunday » est dur, noir et sans concession. Et la pluie n’est même pas rédemptrice. Il pleut le dimanche, mais le lundi matin, les rues sont toujours aussi sales.
Il est étonnant de penser que ce film a eu un très grand succès public à sa sortie. Tout comme « Brighton rock« , autre film noir en mode majeur et qui lui aussi propose une vision désenchantée d’une société britannique qui peine à se reconstruire, où les pauvres sont coincés dans la misère et à la merci des truands.
Robert Hamer, cinéaste atypique, réalisera deux ans plus tard le plus grand classique des studios Ealing, la comédie noire « Noblesse oblige » (Kind hearts and coronets). Il aura malheureusement une carrière courte, et ponctuée de longues périodes de silence, en bonne partie à cause de son alcoolisme chronique qui l’emportera, beaucoup trop tôt, à 52 ans.
Coffret Studio Canal. « Ealing Studios – Coffret Les rebelles – Went the Day Well ? + Il pleut toujours le dimanche ». Version originale sous titrée + bonus