Première réalisation créditée de David Lean, un beau film de guerre qui a fait école sur un scénario de Noël Coward
Ceux qui servent en mer (1942)

In Which We Serve (1942)

(Ceux qui servent en mer)

Réalisé par Noël Coward et David Lean

Écrit par Noël Coward

Avec Noël Coward, John Mills, Derek Elphinstone, Richard Attenborough,…

Directeur de la photographie : Ronald Neame

Production Two Cities Film

Guerre

115 mn

UK

Le destroyer HMS Torrin est coulé en mer par des bombardiers allemands durant la bataille de Crête en 1941. Une partie de l’équipage a pu se réfugier sur un canot de sauvetage. Alors qu’ils luttent pour leur survie, ils se remémorent leurs derniers mois à bord mais aussi à quai avec leur famille.

Ceux-qui-servent-en-mer-1942-FR-posterAuteur acclamé du théâtre britannique, Noël Coward a été approché par les producteurs Anthony Havelock-Allan et Filippo del Giudice pour faire ses débuts au cinéma, lui laissant carte blanche sur le sujet. Coward s’inspirera d’évènements réels pour créer le scénario de « In Which We Serve ».

Pour l’assister sur ce projet, Coward qui tient également le rôle principal, a recours à un monteur confirmé (il vient juste de terminer le montage de « One of our aircraft is missing » de Powell et Pressburger) mais qui fait ici ses débuts officiels à la réalisation : David Lean.

A la recherche d’une équipe, Coward choisira ses techniciens, dont David Lean, en visite sur le tournage de « One of our aicraft is missing ». Lean lui avait été recommandé par Carol Reed. De plus Lean n’était pas totalement ignare en matière de réalisation, il avait déjà co-réalisé (sans être crédité) « Pygmalion » et « Major Barbara ». Il se vit d’abord offrir un poste d’assistant réalisateur, mais tint bon, et réussit à décrocher cette fois ci un crédit de co-réalisateur au générique.

Le film bénéficie d’une belle mise en scène très réaliste (le film dédié à la marine britannique a bénéficié de l’appui du gouvernement et de l’armée) et est souvent cité comme modèle des fameux films britanniques de guerre qui savaient si bien marier propagande et langage cinématographique. Pour autant, le film a d’abord été refusé par le Ministère de l’information qui trouvait que faire un film sur un navire britannique coulé par les Allemands n’était pas du meilleur gout en temps de guerre. Néanmoins, Coward, déjà un auteur réputé à l’époque, réussit à obtenir l’appui de l’Amirauté et du roi George VI lui-même.

Le scénario, trop long (le premier jet aurait duré cinq heures à l’écran et faisait commencer l’histoire en 1922!), a été raccourci, les dialogues largement élagués et l’histoire concentrée autour de trois personnages. Afin de ne garder que le meilleur du script original de Coward, il fut décidé d’utiliser des flashbacks (une idée de Lean).

« In Which we serve » reste aujourd’hui un excellent film, admirablement écrit (en dépit de quelques tirades un peu lourdes de Coward) et construit, avec des moments chargés d’émotion. L’un des moments les plus convaincants du film se passe pourtant à terre, à Londres pendant le blitz, tandis que trois femmes discutent de l’opportunité d’aller se réfugier dans l’abri, de partir de Londres ou de continuer à vivre comme si de rien n’était. Alors qu’elles discutent, on entend les bombes se rapprocher.

Le film doit aussi beaucoup à son casting même si on peut avoir des réserves sur Noël Coward lui même qui en tant qu’acteur a de sacrés tics, et un débit rapide peu naturel. Du coup il fait contraste avec le jeu réaliste adopté par les autres acteurs (mis à part John Mills qui cabotine encore une fois mais introduit justement de l’humour dans un film autrement assez dur). A noter la première apparition sur grand écran d’un futur grand nom du cinéma britannique, Richard Attenborough, âgé de 17 ans, et qui percera cinq ans plus tard dans le sublime « Brighton Rock« .

« In Which we serve » va marquer le début d’une collaboration entre Coward et Lean, Lean adaptant pour le cinéma trois pièces de Coward : « The Happy Breed » (1944), « Blithe Spirit » (1945) et « Brief encounter » (1945). Mais Coward ne sera pas cette fois impliqué directement sur les films.

Coffret DVD et Blu-ray. Studio Elephant Films (2015). Version originale avec sous-titres français. Bonus : Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (15′)