Un drame sensible de 1972 sur la transsexualité… un sujet pour le moins atypique à l’époque ! Déstabilisant mais sobre et émouvant.

I Want What I Want (1972)

Réalisé par John Dexter

Ecrit par Gillian Freeman d’après le roman de Geoff Brown

Avec Anne Heywood, Harry Andrews, Jill Bennett, Michael Coles,…

Directeur de la photographie : Gerry Turpin

Produit par Raymond Stross

Tourné aux Twickenham Film Studios

Drame

91mn

UK

Roy (Anne Heywood) est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui vit encore chez son père (Harry Andrews), un officier militaire veuf. Quand ce dernier le surprend habillé et maquillé en femme, Roy décide de fuir pour tenter de vivre sa vie en tant que femme.

Roy est un jeune homme perturbé par la dissonance entre son corps et son être. Il sait intérieurement qu’il est une femme, mais son corps dit le contraire. Suite à une violente dispute avec son père, il décide d’assumer sa féminité et de partir de chez lui, loin de ceux qui le connaissent, pour pouvoir vivre en tant que femme.

Mais il se rend compte rapidement que ce ne sera pas si simple. Une fois femme, le regard des autres changent, et il tombe amoureux d’un homme (alors qu’il ne se pense pas homosexuel). N’est-il pas en train d’aller trop loin ou doit-il justement aller jusqu’au bout et subir une opération pour changer de sexe ?

Voici un problématique quelque peu audacieuse pour un film de 1972. En Angleterre et au Pays de Galles, l’homosexualité n’a été dépénalisée que cinq auparavant. Et, autre surprise pour un sujet qui pourrait tomber si facilement dans le graveleux et le choquant, le sujet est traité sous la forme d’un drame des plus sobres.

« I want what I want » propose le portrait d’un jeune homme en quête de sa vraie identité. Sauf que celle-ci s’oppose aux conventions sociales. Roy doit lutter constamment contre l’idée qu’il est potentiellement un monstre dans le regard des autres. Quand il se promène dans la rue, il est convaincu que tout le monde connait son secret.

Pour jouer le rôle de Roy, le réalisateurJohn Dexter et le producteur Raymond Stross ont choisi une femme, l’actrice Anne Heywood. Elle ne force pas le trait quand elle habillée en homme et le maquillage reste tolérable. Reste qu’on devine toujours que c’est une femme jouant un homme. Cela peut déstabiliser. Mais en fait pour moi c’est voulu et ce choix fonctionne parfaitement. Le fait qu’Anne Heywood soit, et pour cause, bien plus convaincante en femme, permet aussi de faire passer l’idée qu’intérieurement Roy est bien une femme.

« I want what I want » n’est pas dépourvue de défauts (notamment dans la psychologie de Roy un peu simpliste, la fin un peu décevante et aussi le jeu parfois maladroit d’Anne Heywood) mais voici un film audacieux, sobre et émouvant sur un problème alors rarement traité à l’écran, surtout de façon aussi frontale et comme sujet principal d’un drame (c’était sûrement le premier du genre en Grande-Bretagne) !

Le réalisateur John Dexter est avant tout un prestigieux metteur en scène de théâtre et d’opéra qui a travaillé avec les plus grands (Alec Guinness, Laurence Olivier, Sir Ralph Richardson,…) et a remporté deux Tony Awards à Broadway pour Equus et M. Butterfly. Au cinéma, Dexter n’aura signé que trois films dont celui-ci qui sera le dernier. Un film audacieux sur lequel il a pu compter sur l’appui du producteur expérimenté et éclectique Raymond Stross (futur mari d’Anne Heywood !).

A la date où j’écris ces lignes, le film n’a été édité en DVD qu’aux USA il y a quelques années par un petit studio. Aujourd’hui le DVD vaut plusieurs centaines d’euros ! Dommage, car ce film mériterait d’être reconsidéré. Heureusement le film est à ce jour intégralement disponible sur youtube (avec une qualité très acceptable).

DVD zone 1. Studio Scorpion Entertainment (2011). Version originale non sous titrée.