Un bon drame, avec des touches de romance et de film criminel, sur le milieu de la prostitution et les boites de nuit avec un joli casting dont une Helen Mirren impériale. 

Hussy (1980)

Ecrit et réalisé par Matthew Chapman

Avec Helen Mirren, John Shea, Paul Angelis, Murray Salem, Jenny Runacre, Daniel Chasin,…

Direction de la photographie : Keith Goddard / Production design : Hazel Peiser / Montage : Bill Blunden / Musique : George Fenton

Produit par Jeremy Watt

Drame / Crime

95mn

UK

Un club cabaret à Londres. Des messieurs boivent et fument en compagnie de jeunes hôtesses pendant que sur scène se succèdent des danseuses en petite tenue et des chanteurs. Emory (John Shea) s’occupe des éclairages. Dans un petit local, des hôtesses peinturlurées attendent qu’on les appelle. Quand soudain Beaty (Helen Mirren) arrive, s’assied sans rien dire et allume un cigarillo. Elle est de retour après avoir perdu un travail. Emory qui ne la connait pas, va lui parler. Evidemment, il n’est pas question qu’ils sortent ensemble. Mais un soir où il est libre, après avoir fait un petit boulot de chauffeur, il paie pour passer la soirée avec Beaty. Celle-ci est furieuse. Mais il la paie, la ramène chez lui et la laisse dormir seule dans la chambre d’ami. Beaty se laisse séduire, mais comment peut évoluer leur relation, entre un mec fauché et une prostituée de luxe ? Ont-ils vraiment un avenir ensemble ? Quand Emory rencontre Max (Murray Salem), un ami connu en Asie qui lui propose un gros coup pour se faire de l’argent, il hésite. D’autant qu’un ex de Beaty, Alex (Paul Angelis), un psychopathe, débarque et s’installe chez lui.

« Hussy » est le deuxième film écrit et réalisé par l’anglais Matthew Chapman, après « Violent Summer » (1976), aujourd’hui perdu. Chapman s’inspire de son expérience personnelle pour écrire le scénario. Parmi les nombreux jobs qu’il a fait dans sa jeunesse, il a été chargé de l’éclairage dans un club londonien. C’est d’ailleurs dans ce club même qu’est tourné « Hussy ».

La romance entre Emory et Beaty peut sembler improbable. Comment Beaty, une prostitué expérimentée avec un jeune enfant Billy (Daniel Chasin) peut tomber amoureux d’un jeune homme fauché, et croire que ça aboutira à quelque chose de sérieux. Mais il faut avouer qu’Emory, incarné par l’acteur américain John Shea, a une bonne tête ! La romance qui vire au drame et au film criminel marche plutôt bien, et le tout est filmé avec crédibilité et de bons acteurs par Chapman, inspiré par sa connaissance du sujet. Le film est évidemment porté par l’incroyable Helen Mirren, déjà alors bien connue pour ses performances sur scène et à l’écran (pour la télévision et le cinéma, notamment dans « Age of Consent » en 1969, « O Lucky Man » (1973) ou encore « Caligula » (1979). La même année que « Hussy », elle tourne dans le fabuleux « The Long Good Friday » et enchainera l’année suivante avec « Excalibur ».

Beaty fait partie de ces portraits de prostituées fortes et indépendantes (avec des nuances) qu’on peut voir dans le cinéma britannique des années 80, dans « Prostitute » (1980), « Mona Lisa » (1986) et « Personal Services » (1987) par exemple. On peut même rapprocher le personnage de Beaty à celui de Victoria, maitresse du chef de la pègre incarné par Bob Hoskins dans « The Long Good Friday ». Comme le fait remarquer avec justesse Rebecca Nicole Williams dans le livret accompagnant le blu-ray dans la réédition de Powerhouse, Victoria pourrait être aussi bien le devenir de Beaty, que son passé.

Le film est produit par Boyd’s Company, la compagnie de production créée par Don Boyd, le critique du London Evening Standard, et qui marquera la fin des années 70 et le début des années 80. A l’époque, le bouillonnant producteur produit aussi bien « The Tempest » pour Derek Jarman, « The Great Rock’n’Roll Swindle » pour Julien Temple ou encore « Scum » pour Alan Clarke.

« Hussy » est l’un de ces films, rapidement classé en film d’exploitation à sa sortie par une critique un peu méprisante (alors que les scènes de sexe sont peu nombreuses et assez chastes), et qui mérite aujourd’hui d’être redécouvert sous un nouveau jour.

Blu-ray UK. Studio Powerhouse, collection Indicator, limitée à 3.000 exemplaires. Bonus : interviews, scènes commentées par Matthew Chapman, livret de 32 pages.