« Il n’y a pas si longtemps, le cinéaste Alan Parker lançait : « Avec l’industrie cinématographique britannique, il est souvent difficile de savoir si le nageur vous fait signe pour vous saluer ou bien s’il se noie ». Faut-il le croire ? D’outre-Manche nous parviennent régulièrement des films qui nous captivent, nous font rêver, nous font rire et même, réfléchir ! Fresques historiques, épopées militaires, actrices et acteurs de première grandeur, histoires d’amour et d’humour mid Atlantic, films « shakespeariens », documentaires, œuvres excentriques, dessins animés, polars, vampires et zombies : on trouve le pire comme le meilleur dans le fragile cinéma anglais dominé par la production et la distribution hollywoodiennes. Les cinéphiles ont en mémoire les noms d’Alexander Korda, d’Alfred Hitchcock, inventeur du « suspense », les comédies Ealing avec Alec Guinness, le Hamlet de Laurence Olivier, les films de David Lean (Lawrence d’Arabie), Le Troisième Homme de Carol Reed ou encore les Chaussons rouges de Powell et Pressburger. En 1986, The Mission, de Roland Joffé reçoit la Palme d’or à Cannes. « Le cinéma britannique est bien vivant à la télévision ». C’est là, en effet, que se sont formés, entre autres, Ken Loach (Kes) et Stephen Frears (Talma Drewe) qui, aujourd’hui encore, occupent le devant de la scène. Ils sont rejoints par de nouveaux talents, Shane Meadows, Paul Greegrass, Lynne Ramsay, ou Andrea Arnold. »
Philippe Pilard est un spécialiste français du cinéma britannique et qui donc pour cette seule raison mérite déjà toute notre admiration et notre respect. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet : « Le nouveau cinéma britannique 1979-1988 » (Hathier, 1989), « Histoire du cinéma britannique » (Nathan, 1999). Il a également dirigé l’anthologie « Typiquement british, le cinéma britannique » (Editions du Centre Pompidou, 2000). Il est enfin l’auteur d’ouvrages et d’interviews sur des cinéastes anglais (Peter Greenaway, Stephen Frears, Mike Leigh,…). Bref, à lui tout seul, Philippe Pilard est l’auteur de la quasi totalité des livres publiés en langue française sur le cinéma britannique. Évidemment j’exagère (un peu).
« Histoire du Cinéma Britannique » est son dernier ouvrage sur le sujet, publié en septembre 2010. Enfin, LE livre définitif sur le sujet ? Malheureusement pas tout à fait. Qu’on me comprenne bien, ce livre est bien conçu, et permet d’avoir une vision assez complète de l’histoire du cinéma britannique depuis les origines jusqu’à aujourd’hui. Le livre suit un ordre chronologique tout en braquant de temps en temps les projecteurs sur un réalisateur, un acteur, un producteur ou un film qui ont marqué leur temps. Et à chaque fin de chapitre, on nous propose un mémo qui reprend les faits importants année par année pour la période couverte par le dit chapitre.
Philippe Pilard a l’intelligence de proposer une lecture culturelle, économique et politique de l’histoire du cinéma britannique. Et de ne pas commettre la même erreur commise par la majorité des critiques français qui parlent de cinéma britannique : oublier la télévision, véritable réservoir de talents, et grand Argentier du cinéma Britannique, mais également lieu d’expression de la création audiovisuelle au même niveau que le cinéma.
Comme le montre Stephen Frears, lui-même, dans l’introduction qu’il a rédigée pour le livre de Philippe Pilard, les britanniques font preuve de beaucoup d’auto-dérision, de modestie et de gêne quand ils parlent de leur propre cinéma. A tort bien sûr. Le cinéma britannique a toujours été l’enfant pauvre de la culture britannique. Et c’est à nous de lui montrer sa véritable valeur.
Philippe Pilard montre tout cela très bien, et la seule chose qu’on peut reprocher à son livre, mais c’est un reproche de taille, c’est qu’il aurait dû être bien plus épais. 300 pages pour parler de toute l’histoire du cinéma britannique, c’est bien trop peu. Parions qu’avec un éditeur plus ambitieux, l’auteur saura rédiger LE livre définitif en langue française qu’on attend tous sur le cinéma britannique.
- Broché: 334 pages
- Editeur : Nouveau Monde Editions (30 septembre 2010)
- Collection : CINEMA
En ce qui concerne le cinéma britannique, de mon point de vue, aucun des ouvrages récents ne vaut le » 30 ans de cinéma britannique » de Raymond Lefevre et Roland Lacourbe … et loin s’en faut. Son seul défaut – majeur – étant qu’il s’arrête à 1975
Oui vous avez raison en effet, c’est le dernier ouvrage qui avait vraiment l’ambition de couvrir tout le cinéma britannique. Je rêve d’un livre de 800 pages en langue française qui prend son temps pour explorer à fond le sujet – mais qui en plus n’ignore pas la télévision car en Grande Bretagne on ne peut dissocier télévision et cinéma.