Un drame humain fort sur la trajectoire d’un couple de réfugiés, sous la forme d’un film d’horreur. Un pari audacieux réussi

His House (2020)

Réalisé par Remi Weekes

Ecrit par Remi Weekes d’après une histoire de Felicity Evans et Toby Venables

Avec Sope Dirisu, Wunmi Mosaku, Matt Smith, Malaika Wakoli-Abigaba,…

Direction de la photographie : Jo Willems / Production design : Jacqueline Abrahams / Montage : Julia Bloch / Musique : Roque Baños

Produit par Aidan Elliott, Martin Gentles, Roy Lee, Ed King et Arnon Milchan pour New Regency et BBC Films

Drame / Horreur

UK

Bol (Ṣọpẹ́ Dìrísù) et Rial (Wunmi Mosaku) fuient le Soudan du Sud en guerre avec leur fille Nyagak. Mais durant la traversée de la Méditerranée, le bateau se renverse et Nyagak se noie. Après un séjour dans un centre de réfugié en Angleterre, le couple se voit proposer une petite maison dans un quartier populaire. Mais la mémoire de leur fille les hante, jusqu’à prendre possession des murs.

Parmi la pléthore de films d’horreur produits chaque année en Angleterre, « His House » se démarque facilement par son approche originale. Sur la forme, il s’agit bien d’un film d’horreur psychologique efficace, avec des effets spéciaux convaincants, sur le thème très classique de la maison hantée. Ce qui rajoute du sel, c’est l’histoire de ce couple traumatisé par la guerre, fuyant leur pays, affrontant le deuil alors qu’ils pensaient être au seuil de la sécurité et, une fois le Graal atteint, doivent faire face à la difficulté de refaire leur vie dans un monde totalement différent de ce qu’ils ont connu en cohabitant avec les fantômes du passé.

Le propos est ambitieux mais après tout voici un très bon sujet, propice à la fois au drame social et au film d’horreur ! Dans le même genre, l’anglo-iranien Babak Anvari nous avait gratifié en 2016 d’un excellent « Under the Shadow » sur fonds de révolution iranienne. S’il montre la froideur du système d’accueil réservé aux réfugiés, la froideur des banlieues où sont parqués les classes populaires, « His House » reste centré sur ses deux personnages principaux et la difficulté à surmonter le traumatisme vécu – qui cache un lourd secret, un péché originel qui les hante.

Se basant sur une histoire qui lui a été proposée, le britannique d’origine africaine Remi Weekes trouve matière à un premier film ambitieux. Il s’est lancé dans une phase de préparation pour que l’histoire racontée soit la plus crédible possible. Doté déjà d’une expérience solide dans la publicité et auteur d’un court remarqué (« Tickle Monster », 2016), il livre un premier film remarquablement maitrisé tant au niveau de la réalisation que de la direction de ses acteurs.

Ṣọpẹ́ Dìrísù dans le rôle de Bol, le mari qui tente de croire en leur avenir malgré le poids du secret, et Wunmi Mosaku, qui refuse de se cacher la réalité et l’inévitable, sont impressionnants. Et grâce à leurs interprétations assurées, on croit vraiment en leurs personnages, et l’empathie est possible.

Sans surprise, le film a décroché plusieurs prix aux derniers British Independent Film Awards (meilleur réalisateur, meilleure actrice,…) et vient de décrocher aux BAFTAs (les Césars anglais) le prix du meilleur début pour un scénariste / réalisateur / producteur britannique.

Je vous encourage à découvrir « His House » sur Netflix (qui a racheté les droits de distribution à l’internationale) si ce n’est pas déjà fait. On peut trouver quelques interviews en ligne de Remi Weekes qui permettent d’en savoir plus sur ce nouveau talent, mais il faut suivre de prêt ses prochains projets.

La page du film sur Netflix : https://www.netflix.com/fr/title/81231197