Comédie dramatique souvent hilarante signée Mike Leigh. Cyril, jeune marxiste désabusé, va devoir affronter la réalité et son entourage. Dur, dur d’être socialiste alors que Thatcher est au pouvoir.

High Hopes de Mike Leigh

High Hopes (1988)

Réalisé et écrit par Mike Leigh

Avec Lesley Manville, Phil Davis, Ruth Sheen,…

Directeur de la photographie : Roger Pratt / Montage : Jon Gregory / Direction artistique : Andrew Rothschild / Production design : Diana Charnley / Musique : Andrew Dickson

Produit par Victor Glynn et Simon Channing Williams

Comédie dramatique

112 mn

UK

Cyril (Phil Davis) est un jeune marxiste qui survit en faisant un petit boulot sans âme, en lisant Marx tout en fumant des joints. Sa compagne Shirley veut un enfant, mais par conviction idéologique Cyril s’y refuse. L’état de sa mère va obliger Cyril à sortir de son petit monde et à faire face à la réalité qui l’entoure.

« High Hopes » signait le retour sur grand écran de Mike Leigh après 17 ans d’absence. Non que le réalisateur anglais n’ait rien fait entre temps, mais il s’était tourné depuis vers la BBC et Channel 4 pour lesquels il a signé de nombreux téléfilms brillants (sa période BBC est aujourd’hui intégralement disponible dans un coffret DVD édité par Doriane Films avec des sous titres en français, o joie !).

Dans « High Hopes », on retrouve la veine satirique de ses meilleures productions pour la BBC (Abigail’s party, Nuts In May). En gros s’il s’agit bien d’un film social, on est plus proche du « Père Noël est une ordure » que des frères Dardenne. « High Hopes » pourra étonner ceux qui ne connaissent que le Mike Leigh des années 90 et 2000, et qui sont habitués à plus de nuances dans l’observation que Leigh porte aux personnages. Ici le trait est volontairement grossier et souvent hilarant (même si le film compte plusieurs séquences poignantes sur la solitude et le manque d’amour).

En fait, même si Cyril et Shirley le couple central de jeunes gauchistes, qui vit de petits boulots et fume des joints en lisant Marx est également caricatural, ce n’est rien par rapport à leur entourage. De la mère complètement dépressive, au couple de nouveaux riches (la belle sœur hystérique et son ignoble mari, un petit patron imbu de sa personne et con comme ses pieds) en passant par les voisins faux aristos qui partent à la chasse le week-end et vont à l’opéra la semaine, sans parler de la gauchiste du dimanche qui parle de révolution mais n’a toujours pas réglé ses problèmes avec ses parents,…

Bref « High Hopes » nous offre une sacrée galerie de portraits issus de l’ère Thatchérienne, et ça fait mal par où ça passe. Car Mike Leigh ne propose pas d’issue autre que le désinvestissement social et politique. Notre couple de jeunes gauchistes se resserrera sur lui-même et sur sa problématique essentielle (avoir ou ne pas avoir d’enfant) tout en sauvant ce qui peut être sauvé (la mère qui tombe dans la sénilité à force de solitude). Un peu d’humanité individuelle dans un monde de brutes. Vous me direz, c’est déjà pas si mal !

DVD Doriane Films. Version originale sous-titrée. Interview de Mike Leigh en bonus.