Un film d’horreur culte qui a bouleversé le genre à jamais. Clive Barker apporte du sang neuf au genre, avec un gore assumé et sans aucun second degré

Hellraiser (1987)

(Le pacte)

Ecrit et réalisé par Clive Barker

Avec Andrew Robinson, Clare Higgins, Ashley Laurence, Doug Bradley, Sean Chapman, Oliver Smith,…

Direction de la photographie : Robin Vidgeon / Production design : Michael Buchanan / Montage : Richard Marden / Musique : Christopher Young

Produit par Christopher Figg pour Film Futures, New World Pictures et Rivdel Films

horreur

94mn

UK

Larry (Andrew Robinson) et sa femme Julia (Clare Higgins) arrivent dans la maison familiale dans l’optique de s’y installer. Sur place, ils trouvent des traces du passage du frère de Larry, Frank, un marginal fasciné par les limites du plaisir et de la souffrance : des icônes religieuses, des photos dérangeantes,… Malgré l’insalubrité de l’endroit, Larry est bien décidé de s’y installé. Mais il ne sait pas que Frank est bien là, ou plus exactement des bouts de lui se trouvent sous le plancher di grenier. Lors de l’aménagement, Larry se blesse, et son sang qui coule sur le plancher ramène Frank à la vie !

L’écrivain et dramaturge (entre autres !) originaire de Liverpool, Clive Barker, avait à l’époque 34 ans. Il avait déjà signé deux scénarios pour des films réalisés par son ami George Pavlou : « Underworld » (1985) et « Rawhead Rex » (1986). Mais désespéré par le résultat qu’il jugeait très mauvais, il décide que la prochaine fois il réalisera le film lui-même. Grâce à l’aide d’un jeune producteur, Christopher Figg, il s’envole pour les Etats-Unis avec un script, quelques croquis dans la poche et l’accord de principe de Bob Keen, maquilleur anglais très demandé (il avait travaillé sur Star Wars, The Dark Cristal, The NeverEnding Story,…), qui dit oui au projet. Ils vont réussir à obtenir un million de dollars, un petit budget mais qui leur permettra de garder le contrôle artistique.

Pour Clive Barker, qui avait quand même réalisé deux courts métrages dans les années 70, c’était un saut dans l’inconnu, il ne connaissait, , de son propre aveu quasiment rien à la réalisation. Mais le travail avec Bob Keen sur le design des cénobites (« des experts sans âge dans l’art des plaisir raffinés et d’une souffrance encore plus raffinée ») lui donnent confiance. Il tenait à ce que les monstres, tout droits sortis des imageries SM, ne ressemblent à rien de qui était fait à l’époque, c’est réussi ! Le prêtre, rebaptisé « Pinhead » par les fans, et interprété par Doug Bradley, natif de Liverpool et qui avait participé aux deux courts de Barker, est devenu l’un des personnages les plus connus du cinéma d’horreur.

Clive Barker, qui jouait ici son va-tout, n’avait jamais espéré un tel succès, Et pourtant, quand on voit aujourd’hui « Hellraiser » pour la première fois, près de 40 ans après sa sortie, on ne peut que saluer le travail de Bob Keen et de Clive Barker pour créer des monstres vraiment terrifiants.

« Hellraiser » se distingue sur de nombreux points des productions horrifiques de l’époque  (qui comptaient beaucoup de slashers, des films où des maniaques s’en prennent à des adolescents) et son imagerie gore sans aucun second degré (contrairement à « Re-animator » de Stuart Gordon sorti en 1985 ou « Bad Taste » de Peter Jackson sorti également en 1987). Les personnages sont bien travaillés et l’histoire de base, assez simple, est celle d’une femme mariée, qui va tout faire pour faire revenir son amant, le frère de son mari. Un trio amoureux qui fonctionne parfaitement grâce aux acteurs, l’Américain Andrew Robinson (connu alors pour sa prestation dans « Dirty Harry » de Clint Eastwood) et l’actrice anglaise Clare Higgins qui était alors surtout une actrice de théâtre et de télévision.

Ashley Laurence, l’actrice qui joue le rôle de Kirsty, la fille de Larry (d’un précédent mariage) et qui va s’opposer au projet machiavélique de Frank, est également américaine. Un choix dicté par la volonté de Barker de rendre le film le plus universel possible, en cachant son origine anglaise. Si le tournage a eu lieu (aux trois quarts) dans une maison du nord de Londres, rien ne permet de distinguer le pays dans lequel est tourné le film.

Ce côté hors du temps et géographiquement insaisissable est un des atouts du film. Evidemment, au niveau de la production, il est assez facile de reconnaitre un film des années 80. Pas d’effets numériques, mais un travail remarquable sur l’ambiance et les effets spéciaux « organiques ».

« Hellraiser » reste l’un des films d’horreur les plus marquants et les plus originaux des années 80 à une époque où le cinéma d’horreur britannique fait grise mine, empêtré dans les remous des « video nasties » qui ont braqué la société britannique contre ce genre de cinéma, accusé par la presse et les politiques de tous les vices et d’inspirer une jeunesse déboussolée à commettre des actes horribles. Comme à l’époque des romans gothiques, un siècle plus tôt.

Si Clive Barker va par la suite se consacrer à d’autres projets et tournera deux autres films (« Nightbreed » et « Lord of Illusions »), Pinhead continuera sa vie sans lui, et en tout neuf suites, inégales, seront réalisées jusqu’en 2017. Un reboot devrait sortir en 2022 et une série télévisée est annoncée.

DVD et Blu-ray FR. Studio ESC (2018). Version originale et version sous-titrée en français. Bonus : making of, interviews, commentaire audio de Clive Barker,…