Une petite comédie horrifique un peu trop bavarde et qui semble hésiter entre premier et second degré. Le retournement à la fin est plutôt bien fichu

Happy Little Bunnies (2021)

Ecrit et réalisé par Patrick McConnell

Avec Jon-Scott Clark, Simon Manley, Sophie Toland,…

Direction de la photographie : Matt Rozier / Montage : Patrick McConnell

Produit par Lynne Payne pour Rotten Park Road

Comédie / Horreur

98mn

UK

John (Jon-Scott Clark) est un type paumé, hanté par des pensées noires et violentes. Suite à une annonce parue dans le journal, il décide d’aller voir un psychiatre spécialisé dans les cas les plus graves, Carl (Simon Manley). Mais John est rapidement déstabilisé par un psy qui fait tout pour lui montrer que si horribles soient ses pensées, elles ne sont guère différentes de celles des hommes « normaux »… et de lui-même.

« Happy Little Bunnies » s’ouvre sur une classe d’art dramatique pour amateurs (filmée en noir et blanc) où un homme tente de mimer la démarche d’une femme enceinte de huit mois… sans grand succès.

A part cette intro (qui ne prendra sens qu’à la toute fin du film), « Happy Little Bunnies » est essentiellement un duo entre Carl et John, le premier faisant tout pour lui démontrer qu’il n’est pas l’homme ignoble qu’il pense être, mais qu’il est bien normal. Il a juste besoin d’un peu plus d’excitation que les autres afin de ne pas s’ennuyer. Ce qu’il doit faire ? Réaliser ses fantasmes, même les plus crus, les plus hard, les plus sordides.

La discussion entre les deux hommes est entrecoupé de différentes scènes : des scènes courtes où un individu avec une tête de lapin s’en prend à coup de couteau à des hommes, de préférence des pervers mais pas que, d’autres qui proviennent de la jeunesse de Carl ou encore des images d’une caméra de sécurité.

On a droit également à une troisième sorte d’intermède : le scénariste et réalisateur Patrick McConnell s’adresse à nous : « Vous vous demandez probablement ce qui est en train de se passer… L’acteur oscarisé Casey Aflleck va vous éclairer ». S’ensuit une scène où une femme triste mange en premier plan tandis qu’un fantôme la regarde, immobile et silencieux (ce qui est une façon de se moquer du film « A Ghost Story » (2017) de David Lowery mais n’apporte rien à celui qu’on est en train de voir.

Le film est présenté comme « a rant by Patrick McConnell », un coup de colère du scénariste et réalisateur Patrick McConnell… qui n’a donc pas aimé « A Ghost Story ». Mais à part ça ? Les discussions de John et Carl sur les vices des hommes mènent à un constat : tous les hommes rêvent de dégrader d’autres – hommes ou femmes, d’où la violence des fantasmes sexuels et les perversions diverses et variées. Bon je simplifie, mais le discours est de toute façon un peu simpliste. Reste que tout ça est un jeu (c’est une comédie horrifique avec des meurtres gores effectués par un individu avec une tête de lapin) et que le film s’achève sur un twist amusant et à l’arrière goût féministe (enfin ça dépend si on le prend au premier ou second degré).

« Happy Little Bunnies » est un film à petit budget qui se perd un peu entre ses différents degrés de lecture. De plus, les discussions, souvent redondantes, entre John et Carl auraient pu être raccourcies et le montage (effectué par McConnell lui-même), par ses tentatives de vous induire sur de fausses pistes, peuvent agacer. Mais les acteurs se débrouillent pas mal, et il y a quelques bonnes idées. Reste que McConnell, dont c’est le deuxième long, aurait mérité qu’un producteur lui tape sur les doigts…

Le film est sorti en VOD en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis en mai 2021, l’avenir dira s’iil finira par atterrir sur les plate-formes dédiées en France. En matière de petites productions, il y a de la concurrence.