Un thriller et drame familial qui s’inscrit dans la grande histoire, à la veille de la guerre, et propose une lecture originale et distinctive de la période, bien plus sombre qu’on nous la montre d’habitude.

Glorious 39 (2009)

(Lady Keyes)

Ecrit et réalisé par Stephen Poliakoff

Avec Romola Garai, Bill Nighy, Eddie Redmayne, Juno Temple, Christopher Lee, Charlie Cox, David Tennant, Jenny Agutter, Julie Christie, Hugh Bonneville,…

Direction de la photographie : Danny Cohen / Production designer : Mark Leese / Montage : Jason Krasucki / Musique : Adrian Johnston

Produit par Martin Pope et Barney Reisz pour Talkback Thames

Thriller / Histoire

129mn

UK

Pour le peu que je savais de « Glorious 39 » avant de le voir, je m’attendais à un de ces nombreux films historiques britanniques sur la deuxième guerre britannique mettant en images nimbées de nostalgie l’héroïsme national face à Hitler. Il s’avère que je n’aurais pas pu m’être trompé davantage.

Soit, « Glorious 39 » commence comme une jolie bluette centrée autour de Glorious (Romola Garai), une enfant adoptée par une famille aristocratique devenue une belle jeune femme blonde, convenable  et aimée de tous malgré son métier d’actrice. Mais les images de ce bel été de 1939 ne tardent pas à se craqueler et à jaunir comme si elles dataient d’un temps révolu et lointain.

Les tensions entre ceux qui veulent la paix avec Hitler, quel qu’en soit le coût, et ceux qui appellent Churchill à la rescousse, s’enveniment. Plusieurs amis de Glorious paieront de leur vie leurs sympathies pour Churchill ou le fait qu’elle est découverte dans les archives paternelles un disque de fox trot qui en fait contenait des enregistrements compromettants.

Et soudain, la vie de Glorious tourne au cauchemar. Alors que les Britanniques sont invités par le gouvernement à faire piquer leurs animaux domestiques et que le ciel de ce bel été est obscurcit par le feu des montagnes cadavres d’animaux, les manigances des défenseurs de la paix, quel qu’en soient le prix, se font de plus en plus menaçantes.

Le film écrit et réalisé par Stephen Poliakoff dénonce à travers l’histoire fictive de Glorious la compromission des aristocrates britanniques qui ont peur de perdre leurs privilèges. Et tant pis si ça signifie l’abandon du reste de l’Europe. Il met en scène ainsi un côté plus obscure de l’histoire britannique éloigné du discours national d’héroïsme construit après l’arrivée au pouvoir de Churchill. Il s’en est fallu de peu pour que l’histoire penche d’un autre côté, celui de la non intervention britannique.

Soit, le film de Poliakoff n’est pas parfait. L’intrigue n’est pas toujours très vraisemblable, les retours en introduction et à la fin à la période actuelle loin d’être nécessaires (même si elles nous permettent de revoir Christopher Lee dans l’un de ces derniers rôles); Des critiques (dont The Guardian) on reproché au film de donner une vision unilatérale et biaisée de ceux qui ont voulu éviter la guerre et se battre pour la paix.

Néanmoins, « Glorious 39 », entre drame familial et thriller s’inscrivant dans la grande histoire, propose une remise en question distinctive et bienvenue du discours national, alors qu’aujourd’hui encore certaines décisions politiques face à l’Europe, comme le Brexit, sont justifiées en partie par une vision, également fabriquée, de l’histoire nationale autour d’un pays en marge de ses voisins.

Notons finalement le casting impérial présent au générique de « Glorious 39 » : Bill Nighy, Jenny Agutter, Julie Christie, Eddie Redmayne, Christopher Lee,… On n’aurait guère pu rêver mieux !

Merci au festival Ecrans Britanniques qui m’a permis de découvrir ce film en présence de Stephen Poliakoff dans le cadre le l’hommage qui lui était consacré.

DVD FR. Studio Condor Entertainment (2022). Version originale sous-titrée en français et version française.