« Get Carter » est un film mythique élu meilleur film britannique de tous les temps. L’interprétation et la réalisation sont parfaites, l’ambiance magistrale.
Get Carter (1971)
(La loi du milieu)
Film de Mike Hodges
Scénario de Mike Hodges basé sur le roman de Ted Lewis
Avec Michael Caine, Ian Hendry, John Osborne, Britt Ekland
Direction de la photographie : Wolfgang Suschitzky / Montage : John Trumper / Direction artistique : Roger King / Production design : Assheton Gorton / Musique : Roy Budd
Production Michael Klinger pour MGM
Durée 112 mn
UK
Thriller
Jack Carter (Michael Caine), un gangster londonien au sang froid, décide de retourner à Newcastle, la ville où il a grandi, pour les funérailles de son frère. Il suspecte que ce dernier n’est pas décédé de mort naturelle, et décide de mener son enquête en interrogeant parfois brutalement tous ceux qui pourraient détenir une part de la vérité. Quand il finit par la découvrir, il se lance dans une quête implacable de vengeance.
Bon, je ne vais pas être très objectif sur ce film, je tiens tout de suite à vous prévenir. Pour moi, « Get Carter » est une oeuvre magistrale, un monument, l’un de mes films préférés (je ne suis évidemment pas le seul à penser de la sorte – « Get Carter » est effectivement un film mythique élu en 2004 meilleur film britannique de tous les temps ).
La force de « Get Carter » ne tient pas en son scénario, finalement très basique, mais dans son ambiance merveilleusement construire pierre par pierre par la juxtaposition savante de tous les éléments du film parfaitement agencés : les acteurs, la musique, les bruitages, les décors,…
Michael Caine trouve ici indiscutablement son rôle le plus mythique, avec un jeu tout en rugosité en opposition au cabotinage auquel il se laisse parfois aller dans ses films plus légers. Le personnage de Carter, un monolithe sans émotion apparente, n’était pas facile à jouer, sa violence non retenue, son désintérêt et sa morgue pour tous ceux qui l’entourent (même ceux qui l’aident) en font un humain a priori peu recommandable. Mais le charme de Michael Caine, et son humour à froid, font merveille. Et Carter, antihéros absolu sur le papier, finit par attirer la sympathie du spectateur. Seule pointe d’humanité, une larme quand il découvre ce qui a provoqué l’assassinat de son frère et qui va ensuite l’entraîner dans une spirale de violence jusqu’à la fin.
Aux côtés de Michael Caine, on retrouve le grand dramaturge John Osborne (auteur de la pièce mythique « Look back in Anger« ), qui dans l’un des ses rares rôles conséquents au cinéma, incarne ici le méchant de service. On retrouve aussi Ian Hendry dans la peau de l’un des principaux méchants du film. La première scène où il revoie Carter de retour au pays est vraiment électrique (la tension s’explique en partie par la mésentente immédiate et viscérale entre Hendry et Caine).
Le film profite des décors naturels de Newcastle, triste et grise ville ouvrière du Nord de l’Angleterre. Même si la ville est rarement filmée en plans larges, les différents endroits où ont été tournées les scènes du film font de Newcastle l’un des personnages centraux du film. Sans parler de la scène finale sur la « plage » aux allures post-apocalyptiques, juste ahurissante.
Mike Hodges signait ici son premier long après avoir été remarqué par le producteur à l’origine du projet pour son magnifique téléfilm « Rumour » (1970). Ce dernier annonce sur de nombreux points le traitement stylistique de « Get Carter ». Hodges a mis le tout superbement en image en choisissant un angle quasiment documentaire, renforcé par les décors, l’éclairage cru et naturaliste, et la bande sonore qui met en avant les bruits d’ambiance (le bruit du train dans la séquence d’ouverture, le bruit du vent dans la séquence finale), et évite au maximum le recours à la musique, avec juste la présence très éparse du thème lancinant et minimaliste créé par Roy Budd.
A noter que le film a eu droit à deux remakes, l’un à peine un an après sa sortie (sous la forme d’un film made in blaxploitation « Hit man ») et l’autre en 2000 (avec Stallone dans le rôle principal, et Michael Caine dans le rôle tenu ici par Osborne).
MAJ (27 octobre 2017) : A noter qu’à ce jour, fin 2017, on doit encore se coltiner en France le « vieux » DVD Warner de 2005 sans aucun bonus. Rien d’autre. Pas de version blu-ray. A quand une version restaurée du film avec des bonus dignes de ce nom ??
DVD studio Warner Home Video (2005). Sous titres français. Également audio en français.