Review of: GBH (1991)
Thriller:
Alan Bleasdale

Reviewed by:
Rating:
4
On 4 août 2011
Last modified:13 octobre 2020

Summary:

"GBH" est une mini série anglaise diffusée par Channel 4 en 1991. On y trouve tout ce qui fait l'excellence de et la particularité de la télé made in UK.

« GBH » est une mini série anglaise diffusée par Channel 4 en 1991. On y trouve tout ce qui fait l’excellence et la particularité de la télé made in UK.

GBH d'Alan Bleasdale

GBH (1991)

Réalisé par Robert Young

Ecrit par Alan Bleasdale

Avec Robert Lindsay, Michael Palin, Julie Walters,…

Produit par Channel 4

Thriller / Politique / drame

567 minutes (7 épisodes)

UK

Michael Murray (Robert Lindsay) est un politicien travailliste ambitieux et charismatique qui vient d’être élu maire dans une ville anglaise du Nord. Corrompu, il prend de l’argent là où il y en a et place ses amis aux postes les plus importants, qu’ils soient compétents ou pas. Pour marquer sa puissance sur la ville, il décide d’organiser une journée de grève générale. Mais ce jour là, une école pour enfants en difficulté reste ouverte. Elle est dirigée par Jim Nelson (Michael Palin), un maître d’école idéaliste. Michael Murray ne va pas pardonner sa trahison à Jim Nelson, et va le harceler. Celui-ci, déjà largement névrosé, parait sur le point de perdre la raison. Pendant ce temps, des forces obscures semblent s’agiter autour de Michael Murray. Ce dernier semble ainsi le jouet d’une machination qui vise à déstabiliser sa ville par des émeutes raciales. Enfin, Michael Murray n’est pas loin lui même de perdre les pédales quand une figure de son enfance, un terrible secret qu’il a tenté de caché, resurgit.

« GBH » est une mini série (7x90mn) diffusée par Channel 4 en 1991. C’est un pur produit de la télé anglaise. Entendez là qu’on y trouve tout ce qui fait l’excellence de et la particularité de la télé made in UK.

« GBH » c’est tout d’abord un scénariste télé tel qu’on n’en trouve qu’outre-Manche. Alan Bleasdale est un grand nom qui a pondu quelques grands chefs d’œuvre comme « The blackstuff », « Jake’s progress » ou encore « Melissa ». D’ailleurs le scénario de « GBH » est vraiment un délice mêlant avec talent moments dramatiques, suspens, beaucoup d’humour et de situations hilarantes (il faut voir la convention de Doctor Who dans l’hôtel où loge Michael!) et émotion dans un portrait politique et social de l’Angleterre du début des années 90 peint avec ce qu’il faut d’acidité et de tendresse. Et tout tient la route, grâce à des dialogues ciselés avec soin et un paquet de seconds rôles mémorables.

Car cette histoire aurait pu être très simplement traitée sur le mode du thriller politique en s’appuyant sur l’opposition et le combat entre le professeur idéaliste et le politicien véreux sur fond d’émeutes raciales. Mais ici ce n’est pas le cas, loin s’en faut. GBH est bien plus qu’un thriller politique, c’est une fable sur la cruauté et les fragilités de l’enfance, sur les névroses pas si différentes de deux hommes que tout semble séparer, le racisme, le fondamentalisme, la quête du pouvoir à tout prix, les relations père enfants, l’amour,… Et le fait que l’auteur puisse traiter tous ces sujets sans se noyer est déjà un exploit en soit. Qu’il ait réussit à en tirer un chef d’œuvre est une preuve du génie d’Alan Bleasdale.

Autre facteur prédominant dans la réussite de GBH, la qualité de son interprétation. Dans les deux rôles principaux, on retrouve deux acteurs incroyables dans des rôles à contre-emploi. Robert Lindsay est génial dans le rôle du politicien névrosé qui, traumatisé par ce qui lui est arrivé dans son enfance, a toujours sept ans. Et que dire de Michael Palin, célèbre Monty Python, qui joue ici le rôle d’un professeur idéaliste mais tout aussi névrosé que son adversaire. Enfin, pour enfoncer le clou, on ne peut que saluer la performance de la myriade de seconds rôles qui a sauté à pieds joints sur les magnifiques situations et dialogues qu’Alan Bleasdale a écrit pour eux.

Il faut aussi parler de la productrice exécutive de ce téléfilm, Verity Lambert, une figure légendaire de la télé anglaise, qui a aidé Alan Bleasdale a faire le ménage dans son script et à écarter pas moins de 120 scènes pour aboutir au téléfilm final. « J’ai voulu la tuer, mais une fois le téléfilm fini, rien ne m’a manqué sauf une scène de 45 secondes » explique Alan Bleasdale dans l’interview passionnante qui figure dans le coffret DVD du film.

Enfin, petite cerise sur le gâteau, on a droit à une musique inspirée signée conjointement par Richard Harvey et Elvis Costello.

La série est disponible en DVD avec des sous-titres anglais chez 4dvd. Ceux qui maîtrisent suffisamment l’Anglais auraient tort de passer à côté.