Review of: Professeur Freud
Biopic / Drame:
Matt Brown et Mark St. Germain

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3
On 24 octobre 2024
Last modified:24 octobre 2024

Summary:

Un duel théologique et moral entre deux grands intellectuels alors que la seconde guerre mondiale éclate. Un peu empesé mais très bien porté par de grands acteurs

Un duel théologique et moral entre deux grands intellectuels alors que la seconde guerre mondiale éclate. Un peu empesé mais très bien porté par de grands acteurs

Freud’s Last Session (2023)

(Professeur Freud)

Réalisé par Matt Brown

Ecrit par Mark St. Germain et Matt Brown d’après la pièce de Mark St. Germain

Avec Anthony Hopkins, Matthew Goode, Liv Lisa Fries, Jodi Balfour, Orla Brady,…

Direction de la photographie : Ben Smithard / Production deisgn : Luciana Arrighi / Montage : Paul Tothill / Musique : Coby Brown

Produit par Alan Greisman, Hannah Leader, Rick Nicita et Robert Stillman

Biopic / Drame

108mn

UK / Irlande / USA

Le 3 septembre 1939, alors que l’Allemagne vient d’envahir la Pologne, le Dr Freud (Anthony Hopkins), installé à Londres depuis un an et demi, reçoit chez lui le professeur d’Oxford et « apologiste » chrétien CS Lewis (Matthew Goode)

Cs Lewis rencontre un Freud malade, atteint d’un cancer de la gorge, dépendant de sa fille Anna avec qui il entretient une relation de co-dépendance malsaine (mais dont il refuse de parler), et nostalgique de Vienne mais qui n’a rien perdu de son acuité d’esprit. CS Lewis (futur auteur du classique de la série de livres « Le monde de Narnia ») vient de publier le Retour du pèlerin, une satire où il caricature Freud à travers un personnage baptisé Sigmund « pompeux, vaniteux, ignorant ». Il s’excuse mais maintient sa critique sur les déclarations de Freud concernant la religion : « Un croyant ne souffre pas de névrose obsessionnelle ! ». Mais Freud n’est pas vexé, il n’ pas lu le livre de CS Lewis. Mais est curieux de savoir comment un être aussi intelligent peut abandonner la vérité pour croire en un rêve ridicule, un mensonge insidieux, infantilisant.

Ayant perdu la foi après la mort de sa mère, son collègue et ami John Tolkien (oui l’auteur du « Seigneur des anneaux ») encourage CS Lewis à relire les textes et a examiné les preuves. CS Lewis décide finalement  que les Evangiles ne sont pas des mythes car ils ne sont pas assez artistiques (ce qui fait bien rire Freud).. Freud est curieux de cette reconversion à la foi catholique. Incroyant obsédé par la foi et la religion, il lui oppose « son humble opinion professionnel » et convient « Nous parlons des langages différents ».

Entre leurs discours théologiques et moraux, ils parlent de leurs relations avec leurs pères, de sexe, des souvenirs des tranchées de CS Lewis, de la santé déclinante de Freud,…et d’Anna (dont Freud nie la sexualité, ironiquement). Cette discussion forcément décousue, faite d’allers retours, est menée alors qu’ils se rappellent leurs propres expériences (via des flashbacks) et tout en commentant l’arrivée de la guerre. Un jeu de ping pong où chacun met en avant les faiblesses et les failles de l’autre mais au fil de la discussion, un certain respect mutuel s’installe malgré les différences.

Anthony Hopkins est bien entendu excellent dans le rôle de ce Freud à la fin de sa vie, rageant contre les hypocrites et les blessures de la vie. L’acteur Anglais Matthew Goode (The Imitation Game, Downton Abbey,…) interprète un CS Lewis, plus posé, qui essaie de faire la paix, tant bien que mal, avec ses blessures et ses doutes.

Adapté de la pièce éponyme du dramaturge et scénariste américain Mark St. Germain, le film ne peut cacher ses origines théâtrales, étant essentiellement un dialogue entre deux sommités intellectuelles qui pourrait effectivement se passer de toute mise en scène cinématographique. Les flashbacks ne sont guère que des vignettes jaunies d’un livre d’illustration. Le texte qui met en scène la joute entre les deux hommes sans toutefois sombré dans les discours trop doctes, reste intéressant, et est porté par un très bon casting. L’ajout d’Anna, la fille de Freud interprétée par Lisa Fries, sert surtout à mettre à la lumière les contradictions de Freud, mais aussi son humanité.

La réalisation de Matt Brown, à qui on doit « The Man Who Knew Infinity » (2015) avec Dev Patel, est malheureusement très académique, laissant la place au texte et aux acteurs mais n’ajoutant rien.

Alors que j’écris ces lignes, la date française de « Freud’s Last Session », sorti en juin 2024 en Grande Bretagne, et rebaptisé « Professeur Freud » sur notre territoire, n’est pas encore connue.