Un délire esthétisant et absurde qui en fait un peu trop pour être totalement honnête.
Frank (2014)
Réalisé par Lenny Abrahamson
Ecrit par Jon Ronson et Peter Straughan
Avec Michael Fassbender , Domhnall Gleeson, Maggie Gyllenhaal, Scoot McNairy…
Comédie dramatique
Ireland / UK
Jon (Domhnall Gleeson) est un jeune homme qui vit encore chez ses parents, fait un boulot ennuyeux et rêve de composer des tubes. Suite à une tentative de suicide du clavier d’un groupe indie mené par l’étrange Frank (Michael Fassbinder) en tournée dans sa ville, il a l’occasion de le remplacer sur scène. Le concert est un désastre et le groupe repart vers de nouvelles aventures, laissant Jon sur le carreau. Un mois plus tard le manager du groupe l’appelle et lui demande de les rejoindre. Sur un coup de tête, Jon quitte sa famille et son boulot.
Voici probablement l’un des films les plus étranges de 2014. Il est pourtant basé sur une part de vérité. Frank Sidebottom est un personnage créé pour la scène par Chris Sievey, un musicien anglais basé à Manchester, et qui a été populaire outre manche dans les années 80. Et Jon Ronson qui a co-écrit le scénario et dont le personnage raconte l’histoire a bien été le clavier dans le groupe de Frank.
Rien qu’à voir la tête de Frank, on se dit qu’il y a une histoire à raconter. Pourtant le film n’est nullement un biopic sur le créateur de cette créature improbable à la tête sur dimensionnée mais une fiction basée très librement sur le personnage. La personnalité et l’histoire de Chris Sievey y sont mélangées avec celles de musiciens atypiques comme Captain Beefheart et Daniel Johnson.
Si dans la réalité Frank était un chanteur britannique excentrique à la tête d’un groupe pop, ici c’est très clairement un malade mental, originaire d’une petite ville du Kansas qui refuse d’enlever sa tête factice et qui est leader d’un groupe avant-gardiste.
Avant-gardiste. Le mot est lâché. Le film se veut en effet très indé, surréaliste, à l’humour décalé et à l’esthétique très léchée. Bref un produit très branché, calibré pour les festivals indépendants comme Sundance, où évidemment il a été présenté en première mondiale début 2014.
Le réalisateur dublinois Lenny Abrahamson (Adams & Paul, Garage, What Richard did) se regarde un peu trop filmer et laisse son film sombrer dans l’esthétisant et l’abstrait. Le résultat a un peu la grosse tête, comme le personnage de Frank. On peut le voir au second degré, mais « Frank » porte les stigmates d’un film qui au fond se prend très au sérieux. Et si le personnage de Frank est intrigant, il reste caricatural et finalement assez inhumain. Reste donc un Ofni qui séduira certains et horripilera les autres.
[xrr rating=5/10]
Sortie française le 4 février 2015