Un thriller atypique qui se détourne des codes habituels des films sur les serial Killers. L’un des plus beaux rôles de Bob Hoskins

Felicia’s Journey (1999)

(Le voyage de Felicia)

Réalisé par Atom Egoyan

Ecrit par Atom Egoyan d’après le roman de William Trevor

Avec Bob Hoskins, Arsinée Khanjian, Elaine Cassidy, Peter McDonald,…

Direction de la photographie : Paul Sarossy / Direction artistique : Chris Seagers / Montage : Susan Shipton / Musique : Mychael Danna

Produit par Bruce Davey

Drame / Thriller

115mn

Canada / UK

 

Le ton est donné dès le début. La caméra fait lentement le tour d’un intérieur suranné. Une musique sirupeuse des années 50 (« The Heart of a Child » chanté par Malcolm Vaughan).  Puis la caméra arrive dans une immense cuisine, parfaitement équipée. Elle se pose sur un homme, Joe Hilditch (Bob Hoskins) qui prépare un plat. Joe suit la recette sur une télé noir et blanc qui diffuse un programme culinaire animé par une femme plantureuse et au fort accent français, Gloria (Arsinée Khanjian).

Contrairement à ce que pourrait faire croire le générique, l’action du film se situe bien dans le temps présent. Mais le générique représente parfaitement l’intimité de Joe, ancien garçon rondouillard, fils d’une célèbre cuisinière télévisuelle et qui vit dans une capsule temporelle, celle de l’époque où sa mère vivait encore.

Dans la vie, Joe est responsable de la restauration dans une grande entreprise. Il prend son travail très à coeur et est admiré par ses employés, qui respectent son intransigeance et aiment sa douceur et son humanité.

De son côté, Felicia (Elaine Cassidy) est une jeune irlandaise, enceinte, fuyant l’opprobre familiale, qui débarque en Angleterre dans l’espoir de retrouver son petit ami, parti sans laisser d’adresse. Quand Joe va croiser son chemin, il va rapidement la prendre sous son aile, et lui promettre son aide. Mais que cache tant d’altruisme ?

Atom Egoyan prend à contre pied toutes les conventions des films de serial killer. Ici, aucune violence physique, aucun meurtre sanglant. Egoyan filme avec de lents travellings de la même façon que son serial killer parle avec une douceur infinie. Ce qui déstabilise le spectateur qui se rend compte assez rapidement que quelque chose ne tourne pas rond chez Joe Hilditch.

Le film a un côté contemplatif et prend son temps à établir la personnalité des deux protagonistes, notamment via des flashbacks. Le procédé, souvent lourdingue, est ici utilisé à bon escient. Il y a aussi des moments de comédie, notamment via l’illuminée des Témoins de Jéhovah qui tente de convertir à sa cause Felicia puis Joe… avec aussi peu de succès,

Egoyan peut compter sur deux acteurs hors du commun : Bob Hoskins qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles (avec Mona Lisa et The Long Good Friday) et la trop rare actrice irlandaise, la lumineuse Elaine Cassidy.

Fin août 2018, le film est disponible en France dans un DVD vieilissant (de 2001 et sans bonus). Il serait temps de ressortir cet excellent film en blu-ray dans une édition qui lui rende hommage.

DVD zone 2. Studio Canal (2001). Version française et version originale sous-titrée en français.

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