Review of: Eureka
Drame:
Nicolas Roeg

Reviewed by:
Rating:
4
On 4 mars 2019
Last modified:4 mars 2019

Summary:

Une méditation sur le sens de la vie par Nicolas Roeg, c'est violent, beau et déroutant. Un casting en or pour une oeuvre maudite.

Une méditation sur le sens de la vie par Nicolas Roeg, c’est violent, beau et déroutant. Un casting en or pour une oeuvre maudite.

Eureka (1983) de Nicolas Roeg

Eureka (1983)

Réalisé par Nicolas Roeg

Ecrit par Paul Mayersberg d’après le livre de Marshall Houts

Avec Gene Hackman, Theresa Russell, Rutger Hauer, Ed Lauter, Mickey Rourke, Joe Pesci,…

Direction de la photographie : Alex Thomson / Direction artistique : John Beard / Montage : Tony Lawson / Musique : Stanley Myers

Produit par Jeremy Thomas

130 mn

UK/USA

Jack McCann (Gene Hackman) a passé quinze ans a cherché de l’or en Antarctique. « je n’ai jamais gagné un sous sur le dos des autres » et « ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini » sont ses deux mantras. Il ne désire qu’une chose, trouver un filon. Néanmoins un soir il passe près de la mort. Il fait nuit, il est seul, les loups rôdent autour de lui quand soudain une flamme tombe du ciel et qu’une pierre atterrit dans sa main. Il récupère des forces et se rend dans un bordel, dont il connaît la tenancière Frieda (Helena Kallianiotes). Quand elle voit la pierre, celle-ci décrète que c’est son destin : « Tu trouveras ce que tu cherches. Mais ensuite… »

Le lendemain, quand il se réveille et qu’il se prépare pour partir, la tenancière luit glisse : « Quand tu as pris la pierre, tu as fait un choix… Tu est tout seul à présent ». Il part acheter la concession où il se trouvait la veille et une fois sur place, il tombe dans un trou. Il donne des coups de pioche dans la roche qui suinte de minerai brillant, il a trouvé son filon d’or ! Il est couvert d’or mais quand il rentre au bordel, celui-ci est désert et en ruine et Frieda agonise.

– Et maintenant ? demande Jack

– Un mystère… Le début et la fin, répond Frieda

20 ans plus tard, Jack est riche et possède sa propre île où il vit avec sa femme Helen (Jane Lapotaire) et  sa fille Tracy (Theresa Russell). Cette dernière s’est mariée avec un artiste français Claude (Rutger Hauer), ce qui ne plaît pas du tout à Jack. Riche à ne plus savoir quoi en faire, il reste obsédé par le mariage de sa fille avec ce bon à rien arriviste de français. Et parallèlement il refuse de faire affaire avec un mafiosi de Miami, Mayakofsky (Joe Pesci) qui veut construire un casino sur son île. Mafyakofsky décide alors d’y envoyer son avocat Aurelio (Mickey Rourke) pour faire pression sur Jack.

Nicolas Roeg retrouve le scénariste de « The Man Who Fell to Earth » (1976), Paul Mayersberg qui co-signe en 1983 également « Furyo » de Nagisa Ôshima. Mayersberg s’inspire ici d’un cas réel (l’assassinat de l’ex chercheur d’or Harry Oakes installé aux Bahamas en 1943) pour créer cette histoire.

Un casting en or, des décors somptueux. Roeg n’a probablement jamais eu autant de moyens pour tourner un film. Mais Roeg reste Roeg. Comme d’habitude chez le réalisateur, il y a beaucoup de non dits et une bonne dose d’étrangeté baroque qui frôle parfois le grotesque. Le réalisme ? qu’importe ! Le début du film, voire son intégralité, fonctionne ainsi comme une sorte de parabole entre rêve et réalité. Jack a quelque part donné son âme pour devenir riche, sacrifié son amour (Frieda). Une fois devenu riche, il se retrouve entouré de gens qu’ils jugent superficiels et vides. Il court vers sa perte, l’appelle de ses voeux. Il est pris entre une volonté de contrôle absolu impossible et une soif d’auto-destruction. Jack n’aime personne, même pas (et surtout pas) lui.

Comme l’indique Jean-Bapiste Thoret dans l’entretien bonus présent sur l’édition DVD Potemkine, le film fait des références directes à plusieurs films : « Citizen Kane », « The Gold Rush » et « Pandora », autant de films qui questionnent le sens de la vie.

« Eureka » est un film parfois déstabilisant comme tous les meilleurs films de Nicolas Roeg. La dernière partie qui se déroule au tribunal semble un peu décalée et pas vraiment nécessaire et peu dans le style de Roeg. C’est dommage. Reste un film complexe, déroutant mais assez passionnant si on se torture un peu les méninges et on rentre dans l’univers du cinéaste. Evidemment « Eureka » sera en partie censuré avant d’être placardisé par le studio américain MGM qui ne comprenait rien au film. Il n’est sorti que dans quelques salles aux USA et En Europe il n’est sorti qu’en Angleterre.

DVD zone 2 FR. Studio Potemkine (2012). Version originale sous-titrée en français. Bonus : entretien avec Jean-Baptiste Thoret (20 mn)

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