Un documentaire intéressant sur l’un des plus grands guitaristes du monde mais qui accumule de nombreuses maladresses et quelques fautes de goût
Eric Clapton: Life in 12 Bars (2017)
Réalisé par Lili Fini Zanuck
Ecrit par Stephen ‘Scooter’ Weintraub et Larry Yelen
Montage : Chris King / Produit par John Battsek, Larry Yelen et Lili Fini Zanuck
Documentaire / musique
135mn
UK
Eric Clapton a 72 ans quand ce film sort en 2017. Ce guitariste hors norme, né dans le Surrey, a laissé une trace indélibile sur le blues et le rock avec une carrière riche en péripéties, en albums mémorables que ce soit au sein des Yardbirds, de John Mayall and The Bluesbreakers, de Cream ou encore en solo.
Mais Eric Clapton c’est aussi une vie torturée dès la naissance puisqu’il a été élevé par ses grands parents, n’apprenant qu’à l’âge de 9 ans que celle qu’il prenait pour sa soeur, partie au Canada, était en fait sa mère ! Et bien sûr il y a eu sa période de dépendance à la drogue puis à l’alcool qui l’a conduit à l’isolement au début des années 70 et à des concerts calamiteux avec leurs lots de dérapages, son amour impossible pour Pattie Boyd (la femme de son ami, le Beatles George Harrison). Enfin, la mort de son fils en 1991. Il y a eu des vies plus sereines et il est sans doute assez miraculeux que Clapton soit arrivé à un âge avancé.
Le film s’ouvre sur une vidéo d’un Clapton dévasté par la mort de son ami et modèle, le bluesman noir BB King, en 2015. Avec justesse, le documentaire revient largement sur l’amour de Clapton pour le blues et l’appui indéfectible qu’il a montré pour la musique noire et ses interprètes depuis ses débuts au début des années 60.
Il y a de très beaux passages dans « Eric Clapton: Life in 12 Bars ». La réalisatrice a eu la bonne idée d’utiliser la voix off de Clapton et de ses proches/amis/collègues, plutôt qu’un commentaire lambda, sur des images et vidéos par ailleurs parfois inédites même pour les fans. On ne nous cache pas la période sombre du musicien, ses problèmes d’addiction et ses dérapages racistes.
Néanmoins, il y a également beaucoup de maladresses, des fautes de goût et un oubli étonnant. Commençons par les maladresses. Le caméra passe très souvent en gros plan et en travelling sur des photos, parfois de très mauvaise qualité. Les extraits vidéos sont parfois également à la limite de l’amas de tâches à peine discernables. De l’inédit oui, mais pas à n’importe quel prix.
Le film revient deux fois en flashback sur sa relation avec sa mère, de façon un peu artificielle pour bien appuyer que ses problèmes viennent de ce rejet originel (au cas où l’on n’aurait pas compris). Niveau fautes de goût, il s’attarde très, très longuement sur ses problèmes de drogue et d’alcool. Et surtout, après nous avoir expliqué la mort de son fils Conor à l’âge de 4 ans en 1991 trouve malin de nous montrer le clip de la belle balade de Clapton « Tears in Heaven », composée en mémoire de son fils, entrecoupée des photos de celui-ci pour en remettre une couche niveau pathos. Stop.
Je ne pense pas qu’un fan de Clapton apprendra quoi que ce soit, mais pour les autres le film présente la vie et la carrière de ce grand musicien de façon assez exhaustive. Il y a cependant au moins un oubli que je ne m’explique pas. Durant l’été 1990, le guitariste texan Stevie Ray Vaughan, grand ami de Clapton, est en tournée avec celui-ci. Le 27 août, il prend l’hélicoptère pour se rendre sur le lieu de leur prochain concert après que Clapton lui ait cédé sa place. L’hélicoptère va s’écraser quelques minutes plus tard. Cet incident, plutôt marquant, n’est pas cité dans le film, ni même d’ailleurs le nom de Stevie Ray Vaughan.
C’est d’autant plus rageant que le film prend son temps (plus de deux heures) et ne nous épargne pas répétitions et longueurs. « Eric Clapton: Life in 12 Bars » aurait pu facilement être réduit d’une vingtaine de minutes et inclure une mention de Vaughan.
Quelques mots à propos de la réalisatrice. Lili Fini Zanuck, veuve du producteur influent hollywoodien Richard D. Zanuck (fils du légendaire Darryl). Elle a produit avec son mari des films comme « Cocoon » (1985) ou encore « Driving Miss Daisy » (1989). Lili Fini Zanuck a réalisé un long métrage « Rush » en 1991, dont la musique était justement composée par Clapton.
DVD Universal Music. Version originale avec des sous-titres en français.
bonsoir. ce documentaire accumule les oublis. L’amitié de Clapton avec JJ Cale, jamais cité pas même une fois. la mort de Duane Allman, autre coup dur pour le guitariste. Trop de vie privée et pas assez de musique. Un film raté.
Merci pour les précisions. C’est d’autant plus étrange que Clapton semble s’être impliqué dans le documentaire (notamment en fournissant la voix off)