Un biopic sur le chanteur des Smiths qui n’en est pas vraiment un. Désespoir et solitude dans le Manchester de la fin des années 70 !

England Is Mine (2017)

Réalisé par Mark Gill

Ecrit par Mark Gill et William Thacker

Avec Jack Lowden, Jessica Brown Findlay, Laurie Kynaston, Jodie Comer,…

Direction de la photographie : Nicholas D. Knowland / Production design : Helen Watson / Montage : Adam Biskupski

Produit par Baldwin Li et Orian Williams

Drame

92mn

UK

« Portrait de Steven Patrick Morrissey et le début de sa vie à Manchester dans les années 70 avant qu’il ne devienne le chanteur emblématique du groupe The Smiths. »

Voici un biopic qui part avec un handicap certain. La production n’a pas obtenu l’autorisation de son sujet. Or quand il s’agit d’un musicien, comme c’est le cas ici, cela signifie que vous allez voir un film sur lui mais sans entendre sa musique. Donc voici un biopic sur David Morrissey mais sans un seul morceau de The Smiths ou issu de sa carrière solo. Rien. Nada.

Et en fait ce n’est pas très grave. Parce que finalement « England is Mine » est plus le portrait d’un jeune désorienté dans le Manchester de la fin des années 70 que le portrait précis d’une future rock star. Les événements qui ont marqué la vie de jeune adulte de Morrissey sont bien là, ainsi que son caractère, mais sinon on est largement face à une oeuvre de fiction.

Steven est donc un jeune homme introverti et passif qui passe son temps enfermé dans sa chambre à lire, écouter ses vinyles et taper sur sa machine à écrire. Il envoie des lettres acides au courrier des lecteurs des revues musicales Melody Maker et NME, critiquant le paysage musical et les différents groupes qui s’y produisent. Régulièrement il répond plus ou moins à des annonces d’autres jeunes qui veulent fonder un groupe, mais la plupart du temps, rongé par la timidité, il n’ose pas aller jusqu’au bout.

En attendant mieux, il déprime, travaille dans un hôpital ou encore au centre des impôts. Dès qu’il peut, ce fan d’Oscar Wilde (et de James Dean) écrit des pensées et des bouts de poésie dans le carnet qu’il amène partout avec lui. Ses relations avec les autres, filles et garçons, sont souvent remplies de silence.

Vous l’aurez compris, dans la vie de Steven il ne se passe pas grand chose et du coup dans le film non plus. « England is Mine » est un film sur l’ennui, l’introversion, l’angoisse face au monde… Il ne pose que des questions qui n’attendent aucune réponse.

C’est un film d’ambiance, avec des longueurs recherchées, des touches éparses d’humour, où l’on plonge dans la mélancolie créative d’un jeune homme sur fond de monde gris et terne. Pas l’enfer, non juste l’ennui profond et l’angoisse qui vous rongent à l’intérieur.

Le réalisateur Mark Gill, qui a lui-même grandi à quelques rues de là où Morrissey a vécu, filme un Manchester claustrophobe où rien ne semble vraiment possible. C’est vrai que dans les années 70, c’est une ville importante (c’est la seconde ou troisième ville la plus peuplée d’Angleterre) mais en perte de vitesse, ancien siège de l’industrie textile, dont la scène musicale ne s’est pas encore pleinement révélée. On n’est pas vraiment à Liverpool ! The Smiths sera l’un des premiers grands groupes de Manchester, avant New Order, Joy Division ou encore plus tard The Stone Roses ou Oasis.

Dans le rôle du chanteur, Jack Lowden trouve ici sa première tête d’affiche et il est convainquant, même avec peu de mots et une expression limitée (pas facile !).

Sortie France le 7 février 2018