« Edge of darkness » (la mini série de la BBC et non le film) est un éco-thriller politique très sombre, magistral, impressionnant, choquant.
Edge of Darkness (1985)
Réalisé par Martin Campbell
Ecrit par Troy Kennedy Martin
Avec Bob Peck, Joe Don Baker, Charles Kay,…
Directeur de la photographie : Andrew Dunn
Produit par la BBC et Lionheart Television International
317 minutes (6 épisodes)
La vie de Ronald Craven, détective dans la police du Yorkshire, veuf taciturne d’une cinquantaine d’années, est bouleversée quand un coup de fusil retentit dans la nuit devant sa maison. Il n’est pas touché mais sa fille qu’il élève seul depuis la mort de sa femme il y a 20 ans, s’effondre et meurt dans ses bras. Rapidement convaincu que sa file, étudiante mais également activiste anti nucléaire, était bien visée, il va tenter de trouver la solution. L’enquête de Craven, hanté littéralement par l’esprit de sa fille, va le mener au fin fond d’une société sans morale, et il n’en ressortira pas indemne.
« Edge of darkness », une mini série de 6 épisodes datant de 1985 écrite par Troy Kennedy Martin et réalisée par Martin Campbell. Diffusée sur la BBC2, la série a connu un triomphe critique et publique qui lui a valu une rediffusion sur BBC1. Ce téléfilm a participé à imposer le format des 6×55 mn comme le nouveau standard de qualité en Angleterre après la chute du format qui était l’étalon maître jusqu’au début des années 80, l’unitaire de 60 mn.
« Edge of darkness » est un éco-thriller politique très sombre, magistral, impressionnant, choquant. Bob Peck (Ronald Craven) est juste excellent dans le rôle de ce père détruit qui essaie de comprendre qui était sa fille et pourquoi elle a été assassinée. On sent le poids de la politique tatchérienne, de la peur du nucléaire, des intérêts économiques et politiques par-delà toute morale,… « Edge of darkness » est également un portrait sans concession de la Grande-Bretagne des années 80.
Comme souvent, concernant les grandes œuvres de la télé anglaise, on est impressionné par la liberté de ton. Comme la scène où l’on voit Craven, détruit, errer dans la chambre de sa fille, fouiller dans ses affaires, en sortir au fil de ses recherches un godemiché, l’embrasser et le remettre avec soin dans le tiroir d’où il l’a sorti. Ça pourrait être choquant, c’est juste bouleversant. Une liberté de ton qui a quand même ses limites. Le scénariste Troy Kennedy Martin voulait conclure sa mini-série, déjà très orientée mysticisme (à l’origine Edge of Darkness aurait dû être un téléfilm de Science Fiction), sur un ton nettement fantastique avec un Craven qui se transforme en arbre. L’équipe du film, dont Bob Peck, aurait opposé son veto.
Troy Kennedy Martin fait indiscutablement partie de la crème des scénaristes télé. C’est notamment lui qui a co-signé « Z Cars », série policière de 1962 réaliste et intransigeante à des années lumière de ce que le genre avait l’habitude de produire à l’époque. Il a également rédigé un article célèbre intitulé « Nats Go Home. First Statement of a New Drama for Television” en 1964, une déclaration de guerre contre le naturalisme qui alors prédomine sur les écrans de télé anglais. Il est mort en septembre 2009 d’un cancer du poumon. Il n’a pas participé au remake américain de son chef d’œuvre. Mais apparemment, le film est loin d’être au niveau de l’original (à noter que c’est pourtant le réalisateur d’origine, Martin Campbell, qui a depuis réalisé quelques blockbusters hollywoodiens dont Casino Royal, qui a dirigé cette adaptation cinématographique).
DVD BBC. Audio en anglais. Sous-titres anglais.