Un film étrange, entre comédie et drame, parfois surréaliste, qui semble pouvoir partir dans n’importe quelle direction à tout moment.
Deep end

Deep end (1970)

Réalisé par Jerzy Skolimowski

Ecrit par Jerzy Skolimowski, Jerzy Gruza, Boleslaw Sulik

Avec Jane Asher, John Moulder-Brown, Karl Michael Vogler, Christopher Sandford,…

Directeur de la photographie : Charly Steinberger

Produit par Maran Film, Kettledrum Films et Bavaria Film

Drame

90 mn

UK / Allemagne de l’Ouest

« Adolescent de 15 ans, Mike se rend à son tout premier jour de travail : il vient d’être embauché dans un établissement de bains publics de l’East End londonien. Sur place, sa collègue Susan est chargée de lui présenter les lieux. Le jeune homme est tout de suite attiré par cette jolie rousse plus âgée que lui. Alors qu’il découvre une atmosphère étrange autour de la piscine, Mike doit faire face aux avances d’une cliente. Peu à peu, Susan joue avec l’inexpérience du garçon, profitant de son admiration candide pour le faire plonger dans une dangereuse spirale de fantasmes et d’obsession… »

« Deep end » est un film situé narrativement dans le Londres des « Swinging sixties », tourné en fait essentiellement à Munich (notamment pour les fameux bains publics) et réalisé par un Polonais. Le réalisateur Jerry Skolimowski s’est fait connaitre en signant le scénario du « Le couteau dans l’eau » (1962), le premier long de Roman Polanski. Il signera trois film en tant que réalisateur dans sa patrie avant de partir pour Bruxelles où il tournera « Le départ » (1967). Avant d’attaquer « Deep end », il avait signé un film d’aventures « The Adventures of Gerard  » dont il n’est pas des plus fiers.

« Deep end » est sûrement du film le plus culte de Skolimowski, ce réalisateur profondément pan-européen (contrairement à Polanski, il n’a jamais été tenter sa chance à Hollywood).

« Deep end » est un film difficile à ranger dans une case, étrange, déstabilisant, entre comédie et drame, formellement très étudié, dont la narration semble pouvoir partir dans n’importe quelle direction à tout moment.

Le film se concentre sur deux personnages, Mike, jeune puceau de 15 ans, qui tombe amoureux de la belle Susan, sa collège de travail plus âgée et également bien plus expérimentée dans les choses de l’amour. Susan va commencer un jeu pervers à l’encontre du jeune Mike qui va développer une véritable obsession vis à vis de la jeune femme, la suivant jusque dans ses sorties avec son fiancé ou son amant.

Le film n’oublie jamais de glisser des touches d’humour et plonge dans un surréalisme visuel. Le ton et l’esthétique du film sont annoncés dès les premières images du (superbe) générique. Le film bénéficie de très beaux décors (ceux des Bains bien évidemment) et des couleurs dignes d’un film technicolor des années 40. N’oublions pas la bande son qui comprend pas moins que The Can et Cat Stevens. L’inventivité du film le sauve de ses quelques longueurs. « Deep end » est un beau film qui frôle le chef d’oeuvre, ses défauts faisant également sa force.

A noter que Carlotta nous gratifie d’une très belle édition en DVD ou Blu-ray avec notamment un documentaire très complet sur le film, et une lettre d’amour au film signée Etienne Daho.

DVD ou Blu-Ray Carlotta. Version originale sous titrée / version française. Documentaire « Point de départ » de 75 mn sur le film, « Deep end : souvenirs des scènes coupées » (12 mn), « Deep end, c’est moi » (4 mn).