Un huis clos horrifique dans les tranchées de la grande guerre. Un pari osé pour Jamie Bell, découvert dans Billy Elliott, et qui ici doit affronter une double dose d’horreur 

Deathwatch (2002)

(La tranchée)

Ecrit et réalisé par M.J. Bassett

Avec Jamie Bell, Laurence Fox, Andy Serkis, Torben Liebrecht,…

Direction de la photographie : Hubert Taczanowski / Production design : Aleksandar Denic / Direction artistique : Martin Martinec / Montage : Anne Sopel / Musique : Curt Cress et Chris Weller

Produit par Mike Downey, Frank Hübner et Sam Taylor

Guerre / Horreur

94mn

UK / Allemagne

Pendant la première guerre mondiale, ce qu’il reste d’un bataillon britannique, mené par le capitaine Bramwell Jennings (Laurence Fox) réussit à prendre une tranchée occupée par une poignée d’Allemands. Dans la boue, de nombreux cadavres de soldats allemands qui semblent s’être entretués. Le soldat Charlie Shakespeare (Jamie Bell) réussit à communiquer avec le soldat allemand survivant en français. Celui-ci paniqué prétend que la tranchée est maléfique et leur dit de s’enfuir. Mais le capitaine veut tenir la tranchée jusqu’à l’arrivé des renforts.

Un film d’horreur dans les tranchées de la grande guerre. Le concept est intéressant, même si en matière d’horreur la vie dans les tranchées se suffit à elle-même. Mais le scénariste et réalisateur de « Deathwatch », M.J. Bassett décide, pour son premier film, de transformer les tranchées en huis clos fantastique, où les soldats perdent la raison les uns après les autres, terrorisés par des visions auditives et visuelles.

L’horreur des tranchées y est en tout cas bien retranscrite. Nos soldats nagent dans la boue qui laisse parfois deviner les silhouettes de cadavres. Comme si ça ne suffisait pas donc, le surnaturel s’en mêle, et les soldats britanniques, livrés à leurs démons et à leurs peurs, vont rapidement s’entretuer.

L’anglais Jamie Bell avait débuté au cinéma à l’âge de 14 ans avec le rôle principal dans le fameux « Billy Elliot » (2000). Un début de carrière tonitruant, mais pour son deuxième film, deux ans plus tard, le voici dans un rôle risqué et étonnant dans un film d’horreur où il incarne un jeune soldat de 16 ans qui a menti pour pouvoir partir à la guerre. Mais face à la réalité des tranchées, Charlie Shakespeare est un lâche (au début on le voit s’enfuir au lieu d’aider son sergent prisonnier des barbelés). Paradoxalement, c’est cette lâcheté et son hésitation à tuer, bref son restant d’humanité, qui va le maintenir en vie dans la tranchée.

« Deathwatch » part d’une bonne idée mais ne tient pas tout à fait ses promesses. Les personnages sont plutôt bien définis, mais trop classiques, pas assez fouillés. Et je ne peux m’empêcher de penser que l’ajout du surnaturel est ici presque non nécessaire. Rajouter de l’horreur dans l’horreur vire à l’exercice un peu vain, et finit presque par s’annuler.

M.J. Basset pêche par excès d’ambition pour un premier film et un bon concept ne fait pas forcément une grande réussite. Mais « Deathwatch » est suffisamment bien réalisé et interprété pour ne pas être un film raté. Avec un scénario plus travaillé (et un côté fantastique plus maitrisé), il aurait même pu être un excellent film.

M.J. Basset va réaliser un autre film d’horreur « Wilderness » (2006) avant de signer un film d’aventures tiré de l’écrivain américain Robert E. Howard (Solomon Kane, 2009). Depuis il a travaillé pour la télévision (Ash vs Evil Dead, Stike Back,…) et le grand écran des deux côtés de l’Atlantique, particulièrement à l’aise dans le genre du thriller d’action.

DVD FR. Studio Paramount (2004). Version originale sous-titrée en français et version française.