Un film au ton décalé et mélancolique sur la vengeance, et qui n’en fait pas des tonnes. Même les acteurs font preuve d’une belle sobriété. Surprenant.
Dead Man’s shoes (2004)
Réalisé par Shane Meadows
Ecrit par Paddy Considine, Shane Meadows et Paul Fraser
Avec Paddy Considine, Toby Kebbell, Garry Stretch,…
Directeur de la photographie : Danny Cohen
Produit par Mark Herbert pour Warp Films , Big Arty Productions , EM Media, Film 4
Crime / Drame
90 mn
UK
Richard (Paddy Considine), un soldat désaffecté, revient dans sa ville natale des Midlands avec la ferme intention de venger Anthony (Toby Kebbell), son jeune frère un peu arriéré, qui a été maltraité par des malfrats locaux.
Si le réalisateur Shane Meadows est devenu célèbre internationalement grâce à « This is England » (2006), portrait acéré d’un jeune skinhead dans l’Angleterre de Thatcher, il avait déjà quatre longs derrière lui. « Dead man’s shoes », son quatrième film, est un petit thriller fauché mais bien foutu à l’ambiance décalée, un retour aux sources après le ratage de son film précédent « Once upon the times in the Midlands » avec un casting en or ( Robert Carlyle, Rhys Ifans, Kathy Burke,…). Ici l’acteur Paddy Considine, qui avait commencé sa carrière chez Shane Meadows en 1999, est l’un des seuls acteurs expérimentés.
S’agissant d’un film sur la vengeance, Shane Meadows aurait pu céder à la tentation de compenser son manque de moyen par un excès de violence et quelques scènes bien gores. Or le film parle plus de violence qu’il n’en montre, il a même un ton mélancolique assez surprenant. Et au début on a même quelque mal à comprendre pourquoi Richard veut buter tous ces dealers en apparence plus pathétiques que dangereux. Des séquences en noir et blanc nous montrent le gang en train d’humilier son frère, mais on comprendra la dimension du drame seulement à la fin du film.
La grande qualité de « Dead man’s shoes » est de ne jamais en faire trop . On aurait pu aller dix mille fois plus loin avec un tel sujet mais il reste comparativement assez sage par rapport à de nombreux thrillers violents actuels.
La conclusion du film est elle aussi économique en explications et justifications. La fin alternative présente sur le DVD montre qu’une dernière scène beaucoup plus bavarde a été écartée et c’est… tant mieux. Soit, on aurait aimé plus de psychologie et de complexité dans l’intrigue et les personnages mais cette simplicité finit par servir le film.
La scène la plus frappante de « Dead Man’s shoes » reste celle du trip de LSD utilisé par Richard pour mettre dans un état second plusieurs membres du groupe et les liquider tranquillement un à un, en prenant son temps, les uns après les autres.
Les acteurs aussi font un bon travail malgré leur inexpérience. Là aussi la retenue est remarquable. A l’exemple de Toby Kebbell qui aurait pu vouloir en faire des tonnes dans le rôle du frère retardé, ou de Paddy Considine lui-même qui est d’une justesse remarquable.
DVD Europacorp (2009). Version originale sous titrée, version française. Bonus : commmentaires audio, trailer, fin alternative, documentaire, court-métrage « Northern soul »