Une jeune réalisatrice de 21 ans signe un premier film sur le serial killer Des Nilsen quelques années après les faits. Une production sans budget mais audacieuse
Cold Light of Day (1989)
Ecrit et réalisé par Fhiona-Louise
Avec Bob Flag, Martin Byrne-Quinn, Geoffrey Greenhill,…
Direction de la photographie : Nigel Axeworthy / Production design : Ski Newton / Montage : Leroy Stamps / Musique : Paul Stuart Davies
Produit par Richard Driscoll pour Creative Artists Pictures
Crime
80mn
UK
Jorden March (Bob Flag), un fonctionnaire célibataire, discret et apparemment sans histoire, est arrêté par la police après que des restes humains ont été découverts dans les canalisations de la résidence où il vit. Ce dernier avoue rapidement une dizaine de meurtres de jeunes hommes, tous SDFs qu’il invitait chez lui, dont il s’occupait avant de les étrangler et de les couper en morceaux.
Bien que le nom de l’assassin ait été changé pour le film, « Cold Light of Day » s’inspire et suit même de près des faits réels, celui des meurtres commis par le serial killer Des Nilsen et arrêté à Londres en 1983. L’affaire a bien entendu fait la une des journaux. A l’époque, Fhiona-Louise, scénariste et réalisatrice de « Cold Light of Day » était alors adolescente et s’est fascinée pour cette histoire, d’autant que l’un de ses amis avait hébergé un temps l’une des victimes de Nilsen.
Quelques années plus tard, Fhiona-Louise approche le réalisateur et producteur de série Z, Richard Driscoll (« The Comic« , 1985), pour produire le scénario qu’elle avait écrit et se retrouve ainsi à la tête d’un micro budget et d’une petite équipe. Le nez creux, Driscoll s’est probablement dit que le fait même qu’une jeune femme de 21 ans, une jolie blonde, s’intéresse à un sujet aussi macabre, ne manquera pas d’attiser les curiosités.
La jeune scénariste et réalisatrice livre un film plutôt bien fichu, qui part de l’arrestation et l’interrogatoire du tueur pour raconter par flashbacks les meurtres et donner des tentatives d’explication plus ou moins convaincantes au comportement de Nielsen (la mort de son grand père, des problèmes sexuels et des tentatives de suicide par procuration).
Fhiona-Louise livre un film empli d’une lumière froide (d’où un titre bien choisi). Avec son comédien Bob Flag (dont le principal fait d’arme à l ‘écran est d’avoir incarné Big Brother dans « 1984 » de Michael Radford), elle réussit à donner corps à ce petit fonctionnaire, cet homme serviable, qui est pris de crises de violence, juste le temps d’étrangler ses victimes.
J’aime beaucoup « Cold Day of Light » pour son ambiance âpre, son côté minimaliste et quasi documentaire. Une ambiance qui se trouve finalement renforcée par le peu de moyens, un film 16mm qui même restauré en 2K, garde un côté très, très granuleux et terne. Le film remportera un prix au festival de Venise et est aujourd’hui disponible en blu-ray chez l’éditeur anglais Arrow Video.
Alors qu’elle reste la plus jeune réalisatrice à avoir tourné un long métrage outre-manche, Fhiona-Louise n’a jamais eu l’occasion de récidiver. Dommage, mais il est en effet peu probable que « Cold Day of Light » ait représenté une bonne carte de visite pour vendre de futurs projets.Trop provocateur, trop dur. Finalement Fhiona-Louise s’est un peu retrouvée dans une position parallèle à celle de Michael Powell, cinéaste d’ailleurs que Fhiona-Louise vénère, avec « Peeping Tom« . Personne n’a compris pourquoi en 1960 un cinéaste reconnu et réputé avait signé un film aussi « dégueulasse ». Et je pense que 38 ans plus tard, peu ont du comprendre pourquoi une jeune femme pleine de vie de 21 ans s’était attaquée à un tel sujet.
Des Nilsen est quant à lui mort en prison en 2018 à l’âge de 72 ans. Il a fait l’objet deux ans plus tard d’une mini-série de ITV dotée de nettement plus de moyens, « Des » (2020) avec David Tennant dans le rôle principal.
Blu-ray UK. Studio Arrow Video (2020). Version limitée à 2000 exemplaires. Version originale avec sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret, interviews et commentaires audio