Franchise comique basée sur les gags sexuels implicites, les « Carry On » font un bide en voulant parodier le gros succès érotique de l’époque

Carry on Emmannuelle (1978)

Réalisé par Gerald Thomas

Ecrit par Lance Peters

Avec Kenneth Williams, Suzanne Danielle, Jack Douglas, Beryl Reid, Joan Simms, Peter Butterworth, Larry Dann,…

Direction de la photographie : Alan Hume / Direction artistique : Jack Shampan / Montage : Peter Boita / Musique : Eric Rogers

Produit par Peter Rogers

Comédie

UK

Démarrée en 1958 avec « Carry On Sergent », la fameuse franchise cinématographique « Carry On » compte pas moins de 31 films produits jusqu’en 1992. Souvent inspirés par une thématique populaire (l’hôpital, l’armée ou encore le camping), ou gentiment parodiques d’un style de cinéma (« Carry On Screaming » est une parodie des films de la Hammer), ici les concepteurs de la série s’intéressent à un genre très en vogue dans les années 70, les films érotiques continentaux (Emmanuelle bien sûr, sorti sur les écrans en 19864) et la sex comedy (comédie sexuelle). Celle-ci triomphe au milieu des années 70 sur les écrans britanniques avec les séries « Confessions of… » ou « Adventures of… ».

Reposant dès le début sur nombre de gags à connotations sexuelles, la série « Carry On » se retrouve ici pourtant ironiquement en terrain inconnu. Jusqu’à maintenant, la série se jouait de la censure en restant dans l’implicite. Même si au fil des années 70, elle devenait plus explicite, pas question pour autant pour le distributeur, la prestigieuse Rank, de prendre le risque de se couper d’une partie du public en étant classé X (interdit au moins de 18 ans) ou même AA (interdit aux moins de 14 ans). En 1976, « Carry On England », écopa d’un AA et fut réédité à la hâte pour s’assurer un « A » (non recommandé aux moins de 14 ans).

Les premières versions du script de « Carry On Emmanuelle » étaient plus osées, mais les investisseurs ne voulaient pas que le film soit « trop sexy ». En outre, Kenneth Williams, la star comique de la série, trouvait le concept même du film de mauvais goût. Une réécriture et une augmentation de salaire seront nécessaires pour le convaincre de participer.

Dans « Carry On Emmannuelle » (avec un « n » en plus, officieusement appelé également « Emmanuelle in London »), Emmannuelle (Suzanne Danielle) est une jeune française, libre de son corps, qui prend le Concorde pour retrouver son mari, l’ambassadeur français à Londres, Emile Prevert (Kenneth Williams). Elle aura bien entendu de nombreuses affaires extra-conjugales (d’autant plus que son mari suite à un accident de parachute où il s’est retrouvé empalé sur la flèche d’une église est désormais plus intéressé par la musculation que le sexe). Mais le vieux garçon avec qui elle a eu une affaire dans les toilettes du Concorde, a décidé qu’il était amoureux d’elle, et menace de tout révéler à la presse.

A sa sortie, « Carry On Emmannuelle » est un échec retentissant. Les sex comedies sont passées de mode en Grande Bretagne et le tiraillement entre « en faire trop » et « pas assez » a eu raison du film. Dans ce dernier, il y a finalement très peu de nudité et d’humour. Même si l’anglaise Suzanne Danielle est jolie, et que Kenneth Williams grimace à souhait, ce n’est pas suffisant.

Le film marquera logiquement la fin de la série jusqu’en 1992 où un certain « Carry On Colombus » achève tout espoir de voir revenir l’une des franchises cinématographiques britanniques les plus populaires des années 60.