Quand deux rappeurs écossais se font passer pour des Californiens afin de percer. Un contre-pied à « Kneecap », pas aussi fou mais porté par deux acteurs principaux convaincants

California Schemin’ (2025)
Réalisé par James McAvoy
Ecrit par Elaine Gracie et Archie Thomson
Avec Samuel Bottomley, Seamus McLean Ross, Lucy Halliday, Rebekah Murrell, James McAvoy
Direction de la photographie : James Rhodes / Direction artistique : David Jennings / Montage : Joe Sawyer / Musique : Raffertie
Produit par Paul Aniello, Danny Page, Simon Kay et Michael Mendelsohn
Comédie dramatique / Musique
UK / USA
101mn
« California Schemin » est le premier film en tant que réalisateur du célèbre acteur écossais James McAvoy (Filth!, Split, Atonement,…). Son choix se porte sur une histoire réelle qui s’est déroulée au début des années 2000. Suite à une audition désastreuse où l’on se moque de leurs origines et de leurs accents, deux jeunes rappeurs écossais décident de de se faire passer pour des Californiens afin de décrocher un contrat avec une maison de disque.
Autant adresser tout de suite « the elephant in the room » comme disent nos amis d’outre-manche. Impossible de ne pas penser à « Kneecap » sorti l’année précédente et qui raconte sur le ton de la comédie l’histoire réelle d’un trio de rappeurs nord irlandais. Mais ce sont les différences entre les deux histoires qui font tout l’intérêt de « California Schemin ». Dans « Kneecap », le trio joue leurs propres rôles et raconte leur trajectoire récente (leur groupe a été fondé en 2017). Leur particularité ? Ils revendiquent leurs origines et chantent en gaélique (décision hautement politique en Irlande du Nord), ce qui contribue à leur notoriété.
Pour sa part, « California Schemin » se déroule 20 ans plus tôt, à l’époque de MySpace. Ici pas question de revendiquer sa « régionalité ». Le duo baptisé Silibil N’ Brains va travailler dur pour effacer toute trace de leurs accents afin de se faire passer pour des rappeurs originaires de Californie… Soit tu es un rappeur d’outre-atlantique, soit tu n’es rien… En tout cas c’est la conviction de notre duo.
Ce qui a fait le succès de « Kneecap » était 20 ans plus tôt un handicap ! Mais le plan monté par nos deux rappeurs, Gavin Bain et Billy Boyd, va marcher un temps. Oui, ils vont décrocher un contrat avec une grosse maison de disques (dont le patron est joué par James McAvoy) mais le succès et la drogue vont rapidement séparer les deux amis. Si Billy reste fidèle à sa petite amie et s’accroche à leur promesse de révéler la supercherie lors de leur premier gros passage télé sur MTV, Gavin lui veut continuer à profiter de la belle vie (argent illimité, drogue et filles).
Les histoires d’imposture sont légions dans la musique, généralement organisées par le producteur, comme ce fut le cas du duo R&B Milli Vanilli qui n’a pas survécu au scandale quand il a été révélé qu’ils ne chantaient pas leurs propres chansons et que le duo avait été monté de toutes pièces par le producteur allemand Frank Farian (également à l’origine de Boney M). Au moins nos deux musiciens écossais ne mentaient que sur leur origine !
Plus classique et moins fou que « Kneecap » (après tout il s’agit d’une reconstitution), « California Schemin » peut compter sur un très bon casting (Samuel Bottomley et Seamus McLean Ross sont très convaincants dans le rôle du duo). La réalisation de McAvoy est solide mais après un bon démarrage, avec d’excellents moments de comédie, le film perd un peu de son souffle sur la partie dramatique (la rupture) avec une fin assez convenue.
A noter que l’histoire du film prend des libertés avec la réalité. Pour ceux qui sont intéressées par la vraie histoire du duo, ils peuvent se référer au documentaire de Jeanie Finlay « The Great Hip Hop Hoax » (2013) sorti en DVD outre-manche (toutes les infos sur le site de la réalisatrice)
« California Schemin » vaut le coup d’oeil mais tentez d’oublier « Kneecap » le temps de la projection (ce que je n’ai pas pu faire comme le montre cette critique). J’ai eu la chance de voir « California Schemin » au festival de Dinard, Pour l’instant, je n’ai pas d’information sur une sortie française, dans les salles ou en streaming.

