Une comédie nerveuse où les valeurs de l’empire britannique en prennent pour leur grade.
Bullshot Crummond (1983)
Réalisé par Dick Clement
Ecrit par Alan Shearman, Diz White et Ronald E. House
Avec Alan Shearman, Diz White, Ronald E. House, Mel Smith, Billy Connolly,…
Directeur de la photographie : Alex Thomson
Musique : John Du Prez
Produit par Ian La Frenais pour Handmade Films
Aventures / Comédie
UK
Bullshot Crummond (Alan Shearman) est appelé au secours par une demoiselle en détresse (Diz White) dont le père scientifique a été kidnappé. Bullshot est rapidement convaincu que le coupable n’est plus ni moins que l’affreux conte Otto van Bruno (Ronald E. House) avec qui il avait déjà eu l’occasion de se battre pendant la première guerre mondiale.
Bulldog Drummond est un gentleman aventurier, vétéran de la première guerre mondiale, né sous la plume de H. C. McNeile en 1920. Ses exploits et aventures rocambolesques et patriotiques ont donné lieu à de nombreux romans, des pièces de théâtre et des films.
Mais comme son nom le laisse entendre, Bullshot Crummond est une parodie de ce héros populaire. Créé pour le théâtre en 1974 par les acteurs Alan Shearman, Diz White et Ronald E. House, la parodie va remporter un vif succès outre-manche et outre-atlantique et donnera donc lieu à un film, produit par HandmadeFilms, en 1983.
Si comme son modèle, Bullshot est un vétéran de la première guerre mondiale reconverti en aventurier, il est d’une maladresse et d’une bêtise confondantes. Ce qui ne l’empêche pas de récolter l’idolâtrie partout où il va et de passer pour un héros. Un running gag dans le film vient de ses rencontres avec d’anciens soldats qui étaient sous ses ordres dans les tranchées. Tous ont été grièvement blessés à cause de sa bêtise mais ils ne semblent pas lui en tenir rigueur. Quant à lui, il se fiche de ces sous-fifres qui sont pourtant encore prêts à se sacrifier pour lui.
« Bullshot Crummond » est remarquable par son jusqu’au boutisme. Tous les gags (même en dessous de la ceinture) sont bons à prendre et plus les événements sont irréalistes, mieux c’est.
On retrouve dans l’adaptation cinématographique les acteurs-créateurs de la pièce originale. L’adaptation sur grand écran est signée par eux, avec l’appui du fameux duo Clement et La Frenais, qui se partagent ici les crédits au niveau de la réalisation et de la production.
Le scénario du film diverge en plusieurs points de la pièce, mais on y retrouve donc les éléments principaux : une suite de gag ininterrompue où l’humour potache règne en maître et où la trame scénaristique ne tient volontairement pas debout.
Si la production suivante de Frenais/Clement pour HandmadeFilms, « Water » (1985), souffre d’un manque de rythme, ici ce n’est pas le cas. Le film va à 100 à l’heure, enchaine gag sur gag quasiment à chaque image. Néanmoins comme « Water », « Bullshot Crummond » sera un bide, aujourd’hui difficilement trouvable en DVD (octobre 2015). Pourtant ici également, les talents ne manquent pas. Et malgré des moyens relativement modestes investis dans la production (3 millions de budget pour 35 jours de tournage), le résultat à l’écran est loin de faire carton pâte.
Le film a été reçu très durement à sa sortie par les critiques et le public britanniques. L’auto-dérision des valeurs de l’empire britannique va-t-elle trop loin (le film sort un an après la guerre des Malouines) ?
En tout cas le film n’est pas dépourvu de défauts. Les acteurs principaux sur-jouent la parodie, ce qui passe toujours mieux au théâtre que sur un écran de cinéma. Deuxièmement, l’absence d’histoire cohérente comme la multiplication des gags (pas toujours remarquables par leur finesse) peut finir par lasser.
Il est possible que « Bullshot Crummond » ne soit pas arrivé sur les écrans britanniques au bon moment. En tout cas, ça reste une comédie britannique tout à fait recommandable dont l’oubli frôle l’injustice !
[xrr rating=7/10]
DVD US zone 1. Studio Image Entertainment. Version originale sous titrée en anglais
Merci infiniment pour ce conseil cinématographique. Je vais continuer à parcourir votre site et profiter de votre érudition. Votre érudition… N’allez pas non plus vous croire aussi fort que Bullshot!