Une romance au charme suranné portée par deux acteurs exceptionnels et la mise en scène de David Lean.

Brève rencontre de David Lean

Brief Encounter (1945)

(Brève rencontre)

Réalisé par David Lean

Ecrit par Noel Coward

Avec Celia Johnson, Trevor Howard, Stanley Holloway,…

Directeur de la photographie : Robert Krasker

Produit par Noel Coward pour Cineguild

Romance

86 mn

UK

Laura (Celia Johnson) est une femme mariée, mère de deux enfants. Et quand elle rencontre un jeune docteur (Trevor Howard), également marié avec des enfants, dans un café sur un quai de gare, elle ne s’imagine pas deux secondes que cette relation va évoluer en passion amoureuse.

brief_encounter« Brief encounter » est la plus connue des 4 collaborations entre David Lean et Noel Coward, et elle est sûrement aujourd’hui le film le plus connu de la première période de David Lean (avant qu’il se lance dans les super productions en Technicolor).

« Brief encounter » est pourtant loin d’être un film facile. Il commence par la conclusion, et raconte les événements qui ont mené à cette scène sous la forme d’une confession intérieure de Laura à son mari, en s’appuyant très largement sur sa voix off. Bref, la construction est atypique, et a priori très peu cinématographique.

Pourtant « Brief Encounter », tiré d’une pièce de 30 mn de Noel Coward qui se déroule en lieu unique, est bien un film de cinéma. La construction, et la magie de certaines scènes est indéniable. Le film reste très visuel malgré l’omniprésence des monologues de Laura (qui même si elle est justifiée par la structure du film reste assez indigeste en ce qui me concerne).

On peut saluer aussi l’intelligence du script qui donne une véritable âme aux seconds rôles (notamment tous les personnages que nos deux amoureux croisent dans le café/salle d’attente de la gare. L’idylle entre Godby (Stanley Holloway) et Mme Bagot (Joyce Carey) apporte humour et simplicité, bref un vent de fraicheur face à l’histoire amoureuse, condamnée d’avance de Laura et du Dr Harvey.

En fait ce qui pourra aujourd’hui froisser les esprits contemporains, c’est la morale qui peut être tirée de cette histoire. Le couple, engoncé dans les conventions de la classe moyenne, ne consomme jamais, mais est meurtri par un sentiment de culpabilité continuel. Et les deux finalement suivent la voie du devoir plutôt que leur passion amoureuse. Bref voici une romance des plus frustrantes. A noter que déjà à sa sortie, à la fin de la guerre, le film paraissait conservateur face au vent de liberté apporté par la victoire.

In fine, la réussite du film repose en grande partie sur les deux acteurs principaux. Un pari là aussi audacieux car Trevor Howard trouvait ici son premier rôle majeur à l’écran, et Celia Johnson était surtout connue pour sa participation à deux précédentes collaborations Lean/Coward (« In Which We Serve » et « This Happy Breed »). Les deux sont excellents, mais on ne peut que saluer la performance de Celia Johnson qui est parfaite, alors que son omniprésence à l’écran, et la surabondance de voix off, l’exposent en permanence.

Enfin, on notera une touche personnelle de Noel Coward qui a imposé la musique de Rachmaninov, très présente dans le film. C’est la principale contribution de Coward pendant le film, le dramaturge étant en tournée de soutien du moral des troupes pendant la période de production du film.

Il s’agit donc de la dernière collaboration de Lean et de Coward. Pour ses deux prochains films, David Lean s’appuiera sur un autre grand monsieur des lettres anglaises : un certain Charles Dickens.

[xrr rating=7/10]

DVD Carlotta Films. Version originale sous-titrée en français. Bonus : Préface de Pierre Berthomieu (8′), « Il était une fois Brève rencontre » : souvenirs du tournage (24′) « Directed by David Lean » : portrait de David Lean par Pierre Berthomieu (32′)