Un film sur la délinquance juvénile qui prend la défense… des maisons de correction. Au moins, c’est original !

Boys in Brown (1949)

Réalisé par Montgomery Tully

Ecrit par Montgomery Tully d’après la pièce de Reginald Beckwith

Avec Jack Warner, Richard Attenborough, Dirk Bogarde, Jimmy Hanley, Barbara Murray,…

Direction de la photographie : Cyril Bristow et Gordon Lang / Direction de la photographie : Gilbert Chapman / Montage : James Needs / Musique : Doreen Carwithen

Produit par Antony Darnboroughpour Gainsborough Pictures

Drame / Crime

85mn

UK

Jackie Knowles (Richard Attenborough) est un jeune délinquant pas très doué. Alors déjà en probation, il se fait coincer quand il joue le chauffeur pour deux camarades qui ont décidé de braquer une bijouterie. Il est alors envoyé non en prison mais en maison de correction.

« Boys in brown » est l’un des rares films britanniques à ma connaissance qui s’intéresse au sort des jeunes délinquants envoyés dans les « borstals », ce système de maisons de correction pour les jeunes délinquants de moins de 21 ans (puis 23 ans à partir des années 30), inauguré au Royaume-Uni en 1902 pour être finalement fermé en 1982.

Les « borstals » ont toujours été sujets à polémique tant au niveau des violences infligées aux jeunes qu’au niveau de leur efficacité réelle pour réadapter leurs pensionnaires à la vie en société.

« Boys in Brown » est un film engagé mais… en faveur des borstals. Pour Reginald Beckwith, l’auteur de la pièce sur laquelle est basée le scénario, ces maisons de correction seraient la seule chance pour les jeunes délinquants de sortir de la spirale du vice. Car si ces jeunes sont passés du côté sombre de la force c’est qu’ils sont coincés entre leur famille décomposée (avec un père souvent absent) et leurs relations peu recommandables.

On suit donc un groupe de jeunes délinquants incarcérés, dont Dirk Bogarde (en manipulateur) et Richard Attenborough (dans le rôle du manipulé), qui tentent de s’échapper de cet enfer sur Terre. Ces ingrats ! Le spectateur d’aujourd’hui ne peut que supposer que ce refus du système, pourtant décrit comme quasiment idyllique, est justifié par les horribles culottes courtes qu’ils doivent porter ! Quelle torture !

Les valeurs positives des borstals sont incarnées par la figure bienveillante du responsable du centre, le « gouverneur », lui-même ancien délinquant, humain et compréhensif, qui essaye par tous les moyens de sauver les jeunes de leurs vices.  Ce héros sans peur et sans reproche de l’administration pénitentiaire est interprété par l’acteur Jack Warner, spécialiste des figures paternelles débordant d’autorité bienveillante notamment dans son rôle le plus connu du brave agent de police George Dixon dans « The Blue Lamp » (1950) de Dearden avec à nouveau en face de lui Dirk Bogarde en délinquant juvénile !

Malgré un casting impeccable, on ne saurait conseiller le visionnage de « Boys in Brown », sinon pour les plus curieux, tant la réalisation et la morale sont datées.

« Boys in Brown »  est adapté et mis en scène par l’Irlandais Montgomery Tully, formé au documentaire et qui a réalisé essentiellement des films de séries B, parfois à la chaîne, comme en 1957 où il sort pas moins de 5 longs métrages et 4 courts !

En 1977, le cinéaste Alan Clarke décide de s’intéresser à nouveau aux borstals avec « Scum« , un téléfilm pour la BBC, mais cette fois-ci clairement dans l’optique de dénoncer les violences psychologiques et physiques infligées aux jeunes dans un esprit de destruction plutôt que de réintégration ! Preuve à quel point le sujet était sensible, le téléfilm sera banni des ondes, et Clarke devra tourner une version cinéma qui sortira sur grand écran en 1979. La BBC ne diffusera pour la première fois le téléfilm original qu’en 1991 (soit neuf ans après la fermeture des borstals).

DVD zone 2 UK. Studio Spirit (2013). Version originale sans sous-titres.