Unique réalisation de Richard Harris, « Bloomfield » est une comédie dramatique où Harris joue le rôle d’un footballer en fin de carrière
Blooomfield (1970)
Réalisé par Richard Harris
Ecrit par Wolf Mankowitz d’après le roman de Joseph Gross
Avec Richard Harris, Romy Schneider, Kim Burfield, Maurice Kaufmann,…
Direction de la photographie : Otto Heller / Production design : Richard Macdonald / Montage : Kevin Connor / Musique : Johnny Harris
Produit par John Heyman et Wolf Mankowitz
Comédie dramatique / Sport
UK / Israël
Au début des années 60, Richard Harris est devenu une star du grand écran grâce à son rôle dans l’un des films maitres de la nouvelle vague anglaise « This Sporting Life » (Le prix d’un homme, 1963) où il incarne Frank Machin, un mineur de charbon, violent et arrogant, qui touche à la gloire en devenant rugbyman professionnel. Un premier rôle en tête d’affiche qui va lui valoir une nomination aux Oscars.
Sept ans plus tard, le revoici dans la peau d’un sportif et il est tentant de vouloir faire un rapprochement avec le film de Lindsay Anderson. Dans « Bloomfield », Harris y interprète Eitan, un footballer star du club de Tel Aviv. Mais c’est aussi une star dans un pays « qui n’aime pas le football », un amateur passionné qui ne vit que par le ballon rond mais qui est fauché. Et âgé de 40 ans, il doit faire face à son inévitable fin de carrière. Mais que va-t-il faire à présent ? Il fanfaronne devant ses amis et sa petite amie (Romy Schneider) qui elle est en train de percer en tant que sculpteuse. Mais est-il capable de se reconvertir ?
Si Frank Machin avait un côté animal, Eitan est plutôt un enfant qui refuse de grandir en dehors de sa passion pour le ballon et de prendre la vie sérieusement. Un peu comme Nimrod (Kim Burfield), ce jeune garçon de dix ans qui a fugué de chez lui pour rencontrer son idole Eithan. Les deux comparses s’entendent comme des larrons en foire. Et pour cause ! Cependant, cette rencontre va aussi obligé Eithan à faire face à ses démons et son irresponsabilité.
Le scénariste britannique et dramaturge expérimenté Wolf Mankowitz adapte un roman de l’israélien Joseph Gross. Le film qui réunit Harris et Romy Schneider doit être réalisé par Uri Zohar, une figure importante de la nouvelle vague israélienne. Mais ce dernier claque finalement la porte tournage après une dizaine de jours et quitte le milieu du cinéma pour se reconvertir en rabbin !
Pour sauver le film, Richard Harris prend alors la chaise vacante de réalisateur et signe ici la première et dernière mise en scène de sa carrière… avec un succès contestable. « Bloomfield’ a été très mal accueilli par la critique, malgré une sélection au festival de Belin. Avec quelques décennies de recul, on peut toutefois être moins sévère. S’il n’est pas sans défaut (Harris n’est incontestablement pas à l’aise derrière la caméra et le clivage enfant/adulte est à la fois simpliste et asséné avec quelques lourdeurs), ce portrait d’éternel enfant pathétique reste touchant justement jusque dans ses maladresses, et parfois grâce à elles.
Reste que les acteurs sont bons (dont le jeune Kim Burfield qui arrive quand même à tenir la réplique face à Harris) et que le film réussit à nous plonger dans la passion du foot et un monde en déliquescence.
Fin 2022, « Bloomfield » a débarqué de façon impromptue sur Netflix France, ce qui m’a donné l’occasion de découvrir ce film rare. Malheureusement aucun travail de restauration de l’image n’a été fait, raison pour laquelle d’ailleurs je ne m’aventure même pas à utiliser une capture d’écran pour illustrer cet article…