Un road movie intimiste quasi-experimental qui fouille au fond de l’humain à travers le drame ultime. Et pourtant l’espoir demeure.

BloodCells2014

Blood Cells (2014)

Réalisé par Joseph Bull et Luke Seomore

Ecrit par Joseph Bull, Luke Seomore et Ben Young

Avec Barry Ward, Keith McErlean, Hayley Squires,…

Directeur de la photographie : David Procter

Musique : Luke Seomore

Produit par Samm Haillay et Ben Young pour Third Films

Drame

86mn

UK / Italie

Une décennie après le suicide de son père agriculteur, victime de la crise de la vache folle, Adam (Barry Ward) reçoit un coup de fil de son frère qu’il n’a pas vu depuis des années. Son frère va être père et il lui demande de venir pour la naissance. Pour Adam, c’est un pas énorme à franchir. 

Blood Cells (Teaser trailer) from Luke Seomore & Joseph Bull on Vimeo.

BloodCells« Blood Cells » est le premier long métrage de fiction du duo formé par Luke Seomore et Joseph Bull.  Ils se sont fait remarquer notamment en 2009 grâce à leur documentaire « Isolation »  sur le retour des soldats britanniques de la guerre. Ici ils concrétisent un projet qu’ils ont porté pendant de longues années, avant de trouver une aide à la conception (à travers des ateliers de création) et un un co-financement de la part du deuxième collège cinéma de la Biennale de Venise.

Road movie intimiste, « Blood Cells » nous propose de suivre l’errance d’Adam, un jeune homme de la trentaine qui vit au jour le jour, et tente de trouver la force d’aller voir son frère qu’il n’a pas vu depuis des années. Sur la route, il va zigzaguer et partir à la recherche d’une ex petite amie, d’un cousin avant de retourner à Londres vers sa petite amie actuelle. Les nuits, il est souvent hanté par les dernières images de son père. La scène revient plusieurs fois, et chaque fois on obtient un peu plus de détails – jusqu’à ce que nous soit révélé le véritable secret d’Adam.

« Blood Cells » nous offre une galerie de personnages à la marge, filmés de très près de façon presque claustrophobique (en contraste avec les plans de paysage sur la route). Mais si le sujet est dur, si les relations entre les personnages ne sont jamais simples, ce qui frappe c’est l’humanité d’Adam et des personnes qu’il croise, avec leurs qualités et défauts. Le film dénote d’une vraie finesse psychologique et  d’une subtilité dans le traitement des personnages et de cette histoire qui auraient pu être traités avec une forte charge de pathos.

Les deux co-scénaristes et réalisateurs ont fait un long travail de préparation, notamment avec l’acteur principal du film l’Irlandais Barry Ward (révélé au grand public dans « Jimmy’s Hall » de Ken Loach) et qui a été embarqué sur le projet bien en amont du tournage. Le résultat était un script d’une quarantaine de pages qui laissait une bonne place à l’improvisation. Mais comme chez Mike Leigh, le degré de préparation est tel que finalement peu semble laissé au hasard.

Les auteurs ont également réussi à créer un véritable univers en mariant la cinématographie brillante de David Procter, la musique lancinante de Luke Seomore, un montage serré et des interprètes (pour la plupart amateurs) qui donnent le meilleur d’eux même (Barry Ward, l’un des seuls pros du film, est parfait). Le tout donne l’impression d’avoir été assemblé au millimètre près.

« Blood Cells » marche constamment sur un fil de funambule, et garde son équilibre. Un vrai petit exploit.

[xrr rating=8/10]

Pour comprendre mieux la démarche de l’équipe, voici la présentation du projet fait à la biennale par l:s deux réalisateurs et le producteur (anglais non sous titré) ;

DVD zone 2 UK.