Un film dur sur le racisme quotidien et la pauvreté dans le Londres de la fin des 70s. Egalement un portrait saisissant sur la communauté jamaïquaine sur fond de reggae.

Babylon (1980)

Babylon (1980)

Réalisé par Franco Rosso

Ecrit par Franco Rosso et Martin Stellman

Avec Brinsley Forde, David N. Haynes, Trevor Laird, Shaka, Mel Smith…

Directeur de la photographie : Chris Menges

Produit par Gavrik Losey pour Diversity Music Ltd

UK

Blue (Brinsley Forde) est un jeune d’origine jamaïquaine, qui a du mal à trouver sa place dans la société. Victime du racisme quotidien, il se réfugie dans la musique reggae et fait partie d’un soundsystem reggae, mais alors que la pression familiale et de son boss s’accentuent, Errol semble sur le point de craquer.

Babylon 1980 afficheSitué au début de l’ère tatchérienne, dans les quartiers pauvres du sud de Londres (Lewisham et Brixton), « Babylon » est un portrait sans concession sur le racisme au quotidien.

On suit principalement la longue descente aux enfers du personnage de Blue. Acculé à la démission par la pression de son patron raciste (l’humoriste Mel Smith ici dans un répertoire bien différent), à quitter le domicile familial par son beau père qui ne peut le supporter, arrêté arbitrairement par la police, lâché par sa copine, il verra également son cher soundsystem mis à sac. Trop c’est trop, et l’irréparable n’est plus très loin. C’est presque too much, mais ça justifie le pétage de plomb final de Blue.

L’idée du film est venue à Franco Rosso et  Martin Stellman (co-scénariste de « Quadrophenia« ) alors qu’ils travaillaient au Albany Empire dans le sud de Londres. Ils y ont rencontré de jeunes noirs qui animaient un sound system. Le scénario a largement été écrit avec ces jeunes. Rosso, qui est arrivé à Londres à l’âge de neuf ans et est d’origine italienne, était particulièrement à même de comprendre à quel point ces jeunes pouvaient souffrir du racisme au quotidien dans des zones défavorisées.

Rosso était entré en contact avec le monde reggae peu de temps auparavant en tournant un documentaire sur Linton Kwesi Johnson « Dread Beat an’ Blood » (1979).

D’ailleurs si on se souvient aussi aujourd’hui de « Babylon », c’est également pour sa bande originale. Le film a bénéficié de la présence au générique de Brinsley Forde, l’un des co-fondateurs du groupe de reggae Aswad qui signe une bonne partie de la bande son, mais également du DJ Jah Shaka dans son propre rôle.

Mais « Babylon » reste avant tout un film coup de poing sur la réalité du racisme au quotidien, et sur la situation de la communauté jamaïquaine à Londres. Réalités alors très peu montrées à l’écran. « Babylon » est filmé de façon très réaliste et terre à terre par le célèbre directeur photo Chris Menges (qui avait déjà à l’époque travaillé avec Ken Loach et Stephen Frears entre autres).

On ne peut ignorer en tout cas que sur beaucoup d’aspects, « Babylon » est redevable au film « Pressure » (1975) de Horace Ové, dont il s’inspire très ouvertement.

D’après Franco Rosso, son film a été pris à sa sortie pour un documentaire :  » C’est en fait un film dramatique, une pièce de fiction qui a été écrite et interprétée par des acteurs. Elle ne s’inscrivait juste pas dans la tradition du cinéma britannique. Aucune chance. Grâce à son succès, ces gens ont été obligés d’accepter le fait qu’il existait une autre voie dans le cinéma britannique, qui n’avait pas ses racines dans les écoles publiques, Oxford et Cambridge, car c’était et c’est toujours le facteur dominant dans le cinéma britannique. Dans un sens, ils ont été obligés, pour un temps très court, d’accepter d’ouvrir les portes » (voir l’interview complet ici).

30 ans après sa sortie, le film conserve le même impact en tant que portrait d’une époque, et d’un malaise qui trouve encore un écho dans la société britannique d’aujourd’hui. Pour Rosso, « nous sommes une nation profondément raciste ». C’est cette dérive et ses conséquences qu’il montre dans « Babylon ».

DVD Icon Home Entertainment. Zone 2 UK. Audio en anglais et sous titres en anglais.