Review of: Artemis 81
Science Fiction:
Alastair Red & David Rudkin

Reviewed by:
Rating:
3
On 20 août 2013
Last modified:6 octobre 2020

Summary:

Téléfilm de SF formellement très audacieux au point d'en devenir opaque.

Téléfilm de SF formellement très audacieux au point d’en devenir opaque.

Artemis 81

Artemis 81 (1981)

Réalisé par Alastair Reid

Ecrit par David Rudkin

Avec Hywel Bennett, Sting, Dinah Stabb, Dan O’Herlihy,…

Produit par David Rose

Science fiction

185 mn

UK

Gideon Harlax (Hywel Bennett) est un écrivain à succès qui a pour prédilection le paranormal. Quand sa compagne rencontre un célèbre organiste sur le ferry assurant la liaison avec le Danemark, et que plusieurs passagers se suicident, il commence à s’intéresser de prêt à l’organiste. L’ange Helith (Sting) le sauve alors qu’il est sur le point d’être tué, et lui explique qu’il se trouve au cœur d’événements qui pourraient bien mener à la destruction de la Terre.

« Artemis 81 » est une œuvre de Science fiction (au sens large) complexe et ambitieuse. Et pas seulement parce que ce téléfilm dure pas moins de 3h ! Dialogues cryptiques, images baignées d’une lumière glaciale, et un saut dans le fantastique sans parachute à la moitié du téléfilm. « Artemis 81 » vous perd plusieurs fois, et prend soin de vous donner le moins d’explications possibles.

Le personnage central de Gideon n’est pas non plus très engageant. Homosexuel refoulé, adulte immature et intellectuel refermé sur lui-même, il rend difficile toute identification pour le téléspectateur.

« Artemis 81 » est assez typique de la SF sombre et apocalyptique qui envahit les écrans  britanniques de la fin des années 70 au milieu des années 80 : « Quatermass » (1979), « Survivors » (1975-77), « Blakes 7 » (1977-81), « The day of the triffids » (1981) ou encore « Threads » (1984)… Le futur est alors très sombre outre-Manche et le moral pas vraiment au beau fixe.

Mais « Artemis 81 » pousse le bouchon encore plus loin au niveau de la symbolique et d’une opacité sans concession quitte à perdre le téléspectateur. Le téléfilm ose une audace formelle et structurelle qu’on ne risque plus de voir aujourd’hui à la télévision, surtout sur un projet de cette ampleur.

Le téléfilm comporte plusieurs scènes ouvertement inspirées de Hitchcock, sans qu’on puisse dire qu’il s’inscrit globalement dans une tradition hitchcockienne de la narration ou du suspense.

Le scénariste David Rudkin reconnait sur son site officiel que son téléfilm n’est pas des plus accessibles, et qu’il souffre de quelques maladresses scénaristiques et au niveau de la réalisation. Il remet principalement en cause le montage (sur lequel il n’a pas eu son mot à dire) et des personnages pas assez fouillés.

Néanmoins, malgré sa lourdeur et ses maladresses, « Artemis 81 » a une ambiance très particulière qui rend son visionnage quasi hypnotique. Le réalisateur Alastair Red, l’un des plus remarquables de la télévision britannique, allait réaliser quelques années plus tard une mini série culte « Traffik » qui a été adaptée au cinéma en 2000 par Steven Soderbergh.

Notons la présence à l’écran de deux quasi débutants : le chanteur Sting dans son premier grand rôle d’acteur et Daniel Day Lewis dans un petit rôle.

On regrettera que la BBC qui a édité le téléfilm en DVD en 2007 n’ait pas fait un travail de rénovation. L’image est d’une qualité très moyenne alors qu’elle est déjà volontairement sombre.

DVD Zone 2, BBC/2entertain. Sous titres anglais.