Si vous êtes allergique à l’humour au ras des pâquerettes et à la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaines, je n’ai qu’un conseil : fuyez, pauvres gens !

AliG-2002

Ali G Indahouse (2002)

Réalisé par Mark Mylod

Ecrit par Sacha Baron Cohen et Dan Mazer

Avec Sacha Baron Cohen, Martin Freeman, Michael Gambon, Kellie Bright, Tony Way, Ray Panthaki, Nabil Elouahabi,…

Direction de la photographie : Ashley Rowe

Produit par Tim Bevan, Eric Fellner, William Green et Dan Mazer

85mn

Comédie

France | UK | Allemagne | USA

Ali G (Sacha Baron Cohen) est un pseudo rappeur de la banlieue de Londres qui se prend pour un caïd. Il va néanmoins se retrouver propulsé député. Les ennuis ne font donc que commencer…

AliG-afficheSacha Baron Cohen s’est fait remarqué à la fin des années 90 par le biais de l’une de ses créations comiques : Ali G, un blanc de la banlieue dortoir londonienne qui se prend pour un rappeur. Il pompe tous les codes de ses idoles US et de la culture jamaïcaine, est inculte et idiot. Cohen donne l’impression de vouloir se moquer d’une certaine jeunesse blanche qui tente de s’accaparer par tous les moyens des codes culturels qui lui sont étrangers pour se construire une identité de pacotille. Pour autant, ces codes (du rap ou de la sous-culture anglo-jamaïcaine) se retrouvent également raillés.

Malgré (ou grâce à) son ambiguïté, Ali G rencontrera un succès immédiat et se verra attribuer sa propre émission (Da Ali G Show) en 2000… et deux ans plus tard son propre film.

Comme toutes les créations comiques de Cohen, Ali G est une caricature poussée à l’extrême, une monstruosité. Cohen va très loin dans la provocation et le mauvais goût. A la tété britannique, le personnage s’inscrivait parfaitement dans la mouvance de l’humour « horribly awkward » qui occupait alors les écrans (de « Little Britain » à « The League of Gentlemen »). Mais ça donne quoi sur grand écran ?

Dans le film, Ali G intègre donc le parlement britannique puis le gouvernement et évidemment les politiciens se révèlent n’être qu’une bande d’incapables qui se chamaillent à longueur de journée. Heureusement Ali G peut compter sur l’amitié du premier ministre (gentil mais gâteux), et la complaisance de la presse, pour tenir quelque temps son poste au gouvernement… Le temps de faire boire du thé infusé au hachich à un sommet de la paix.

« Ali G Indahouse » est une pochade insolente mais qui ne vole pas bien haut… car elle n’a de toute façon pas vraiment de message. La réalisation de Mark Mylod (dont l’expérience se limitait au petit écran) rate une bonne partie des effets comiques (ah le fameux timing comique ici aux abonnés absents !).

La construction narrative est pour le moins hachée et la première motivation d’Ali G pour accepter de devenir député (sauver le centre socio-culturel de son quartier) n’est jamais un véritable enjeu. Tout ça n’est qu’une excuse à une accumulation de blagues qui se situent de préférence en dessous de la ceinture. Cohen n’épargne personne, et la Reine elle-même se retrouve les fesses à l’air (on y apprend notamment que Sa Majesté pratique l’épilation intime…).

L’émission de télé qui a précédé le film était plus mordante et moins innocente, notamment avec ses vrais interviews de célébrités prises au piège de ce personnage inepte et ignorant qui croit être la voix de la jeunesse.

Le film, malgré son budget son ambition rikiki, fera assez de remous pour que Sacha Baron Cohen continue à porter le personnage cette fois-ci outre-atlantique pour la HBO (l’espace de deux saisons), dans un clip de Madonna (« Music ») ou dans des pubs réalisées par Spike Lee pour un événement de la NBA.

Mais c’est l’adaptation pour le grand écran, plus convaincante, façon docu-drama, d’un autre de ses personnages, Borat, qui permettra à Sacha Baron Cohen d’accéder au statut de star comique reconnue dans le monde entier. Mais ceci est une autre histoire…

DVD zone 2 FR. Studio Studiocanal (2003). Version originale sous-titrée en français et version française.