Une adaptation plutôt réussie d’un roman de Dickens où Dirk Bogarde excelle en anti-héros qui trouve la rédemption en se sacrifiant par amour

A Tale of Two Cities (1958)

(Sous la terreur)

Réalisé par Ralph Thomas

Ecrit par T.E.B. Clarke d’après Charles Dickens

Avec Dirk Bogarde, Dorothy Tutin, Paul Guers, Stephen Murray, Cecil Parker, Christopher Lee, Leo McKern, Donald Pleasence, Rosalie Crutchley…

Direction de la photographie : Ernest Steward / Direction artistique : Carmen Dillon / Montage : Alfred Roome / Musique : Richard Addinsell

Produit par Betty E. Box pour The Rank Organisation

Tourné aux studios Pinewood et à Bourges

Drame historique

UK

En 1789, Sydney Carton (Dirk Bogarde) est un avocat anglais dépressif et alcoolique. Mais quand il rencontre en France la belle Lucie Manette (Dorothy Tutin) il en tombe amoureux. Malheureusement pour lui, pendant ce même voyage où la belle se rend à Paris pour retrouver son père enfermé 18 ans à la Bastille, elle tombe amoureuse d’un autre homme, Charles Darnay (Paul Guers), un aristocrate français qui se cache sous un faux nom pour masquer sa paranté avec l’un des nobles les plus detestés de France, le marquis de St. Evremonde (Christopher Lee).

« A Tale of Two Cities » est basé sur le roman de Dickens, publié en 1859. L’histoire se déroule entre Paris et Londres pendant la révolution. Romance cruelle sous fond de Terreur, « A Tale of Two Cities » fait figure de mal aimé dans la bibliographie de Dickens, notamment par son portrait de la révolution française très simpliste mais aussi à cause de ses personnages manquant de profondeur. Le seul personnage vraiment intéressant étant celui de l’avocat alcoolique Dirk Bogarde qui, amoureux éperdu et sans espoir, cherche la rédemption à travers l’ultime sacrifice personnel.

L’adaptation a été écrite par TEB Clarke, célèbre pour avoir signé quelques unes des meilleures comédies de la Ealing, au aussi su montrer qu’il était capable d’adapter, très décemment, des classiques comme ici avec Dickens ou DH Lawrence  « Sons and Lovers » (1960)  pour Jack Cardiff. Les principaux défauts du script (manque d’épaisseur des personnages, et la représentation simpliste de la Terreur) provenant du roman original. On peut aussi reprocher au film de se consacrer quasi exslusivemnet à ce qui se passe en France au détriment des scènes à Londres, finalement rares. Le film en dit beaucoup plus sur la société français de l’époque que sur la société anglaise (le déséquilibre est apparemment moins flagrant dans le livre).

La réalisation de Ralph Thomas est solide et compétente comme souvent, surtout si on considère les contraintes. John Davies, alors à la tête de la production de la Rank, ne voulait plus de grosses productions onéreuses comme celle de Michael Powell & co des années 40 et qui avaient endettées la compagnie. Autant dire qu’un drame historique, ambitieux avec beaucoup de scènes de foules, comme « A Tale of Two Cities » n’était pas vraiment dans ses bons papiers. Il fut tourné avec un budget modeste et il fallut toute l’ingéniosité de la productrice Betty Box et du réalisateur Ralph Thomas pour mener le projet à bien dans le budget imparti. Ainsi les nombreuses scènes tounrées hors studios l’ont été à Bourges avec une foule française composée en grande majorité de militaires américains et de leurs familles, stationnés à Orléans et mis à disposition gracieusement !

Par contre, le choix de tourner ce film historique en noir et blanc a été fait par le réalisateur pour des raisons esthétiques et d’ambiane (il trouvait à l’époque que le noir et blanc convenait mieux à l’univers de Dickens).

Dirk Bogarde signait ici déjà sa cinquième collaboration avec Box et Thomas qui avaient de lui une star quatre ans plus tôt avec « Doctor in The House« . Après le film d’aventures raté « Campbell’s Kingdom », Bogarde allait trouver ici enfin un rôle bien plus complexe et intéressant que ce qui lui était généralement offert par le duo : celui d’un anti héros qui commet l’acte héroïque ultime.

A ses côtés, on retrouve donc un casting fort sympathique avec des méchants de choix : Christopher Lee forcément dans le rôle de l’immonde marquis, Donald Pleasence dans celui de son homme de main ou encore Rosalie Crutchley dans le rôle de la victime du marquis devenue bourreau.

Dans le rôle principal de Lucie, Dorothy Turin trouve son plus grand rôle au cinéma. Cette actrice de théâtre réputée et annoblie, contemporaine de Judi Dench ou Maggie Smith, est restée fidèle au théâtre avec surtout des apparitions sur le petit écran dans les années 80 et 90.

DVD UK. Studio ITV (2002). Version originale avec des sous-titres anglais. Bonus : « A profile of A Tale ofTwo Cities » (docuentmaire, 23mn,sous-titré en anglais).