Une romance historique très fantaisiste bourrée de défauts mais portée par l’interprétation de Kate Winslet et d’Alan Rickman

Les Jardins du Roi (A little Chaos)

A Little Chaos (2014)

(Les jardins du roi)

Réalisé par Alan Rickman

Ecrit par Jeremy Brock, Alison Deegan et Alan Rickman

Avec Kate Winslet, Alan Rickman, Stanley Tucci, Matthias Schoenaerts,…

Directeur de la photographie : Ellen Kuras

Musique : Peter Gregson

Produit par Andrea Calderwood, Bertrand Faivre et Gail Egan pour BBC Films, Lionsgate UK,…

Romance / histoire

UK

A la fin du XVIIe, Sabine De Barra (Kate Winslet) est une jeune veuve, roturière et jardinière de son état. Elle décide de présenter sa candidature quand elle apprend que l’une de ses idoles André Le Nôtre (Matthias Schoenaerts) cherche des assistants pour réaliser la dernière folie de Louis XIV, le jardin du château de Versailles. Malgré quelques réticences, Le Nôtre finit par l’employer. Une idylle va naitre entre les deux jardiniers malgré le gouffre social qui les sépare.

A little Chaos (poster)L’acteur anglais Alan Rickman avait déjà touché à la réalisation avec « The Winter Guest » (L’invitée de l’hiver, 1997) qui bénéficie d’une jolie réputation. Mais il faudra attendre 17 ans pour qu’on l’y reprenne.

Apparemment pas grand chose ne rapproche les deux films si ce n’est deux figures féminines très fortes, toutes deux veuves (pas besoin d’être psychologue pour faire le lien entre son intérêt pour des personnages féminins forts et sa propre histoire personnelle – son père est mort quand il avait huit ans).

« A little chaos » est une romance historique. C’est a priori avant tout une histoire d’amour. Mais finalement les personnages masculins, dont André Le Nôtre, ne sont que des faire-valoir. Les vrais personnages sont féminins, dont la méchante de service Mme Le Nôtre, et bien sûr le personnage principal, vraie raison d’être du film, l’indépendante et courageuse Sabine De Barra portée à l’écran avec talent par Kate Winslet.

L’histoire d’amour avec un Le Nôtre terne mais bien gentil et surtout pauvre victime de son immonde femme (un véritable monstre de Disney), la rencontre croquignolette avec le roi qui se fait passer lui-même pour un jardinier, la scène où les femmes de la cour discutent entre elles à l’abri du regard des hommes et osent parler de la mort, ou encore juste après la jolie mais mièvre scène où Sabine De Berra ose tenir tête au roi qui se moque des femmes fanées de sa cour (Prends la métaphore avec la rose dans la tronche, goujat !),… tout ça est bien trop beau pour être vrai, et Sabine est un héroïne bien trop moderne. Et en effet, Sabine De Barra est un personnage totalement fictif.

Le scénario et les personnages, trop simplistes et caricaturaux, n’aident pas à l’immersion. Le problème avec un film qui s’appuie sur des personnages historiques majeurs, c’est qu’on s’attend à un minimum de réalisme même quand il décide de faire fi de la réalité. Il faut que ça reste dans le domaine du vraisemblable. Là on nous sort une intrigue très fantaisiste et des personnages dignes d’un film d’aventures mélo à l’ancienne (on pense aux mélos made in Gainsborough des années 40) mais « A little Chaos » n’a pas  leur panache. Bref le ridicule n’est jamais loin (ah, la scène où Le Nôtre sauve des flots sa chère et tendre !). Et celle où Sabine revit la mort de son mari et de sa fille est aussi inutile que laide (avec son effet halo pour qu’on comprenne bien qu’on n’est pas le présent mais dans un souvenir).

Enfin, le film souffre de lenteurs et des scènes inutiles. Avec un montage resserré on lui pardonnerait davantage.

Quoi qu’il en soit, je n’arrive pas à détester ce film. Mon père n’est pas mort quand j’avais huit ans, mais j’aime bien les portraits de femmes indépendantes et fortes d’esprit. Et Kate Winslet est égale à elle-même, parfaite.

On excusera Alan Rickman des imperfections techniques et des personnages à la psychologie grossière. Après tout la fantaisie de son film est parfaitement assumée.

C’est avant tout un acteur et pas n’importe lequel. C’est un homme de théâtre et de cinéma au physique et à la voix bien reconnaissables et au talent indiscutable. Spécialisé dans l’interprétation d’intellectuels ou de personnages intimidants et sombres (le grand public l’a découvert dans le rôle du méchant du premier Die Hard face à Bruce Willis et il est aujourd’hui connu auprès du jeune public pour avoir joué le rôle du professeur Snape dans les Harry Potter), Alan Rickman endosse ici tout naturellement le rôle de Louis XIV. Il en fait un personnage fatigué, dépressif mais à l’égo toujours sur-dimensionné au point qu’il en étouffe. Un portrait de tête à claques que j’ai trouvé intéressant. Qu’il soit réaliste ou non, allez qu’importe !

[xrr rating=6/10]

Sortie dans les salles françaises en mai 2015.