Un merveilleux conte familial débordant de couleurs avec des personnages attachants. Un grand Carol Reed (n’en déplaise aux grincheux).
A Kid for Two Farthings (1955)
(L’enfant et la licorne)
Réalisé par Carol Reed
Ecrit par Wolf Mankowitz d’après son roman
Avec Jonathan Ashmore, Celia Johnson, Diana Dors, David Kossoff, Primo Carnera, Sidney James,…
Direction de la photo : Edward Scaife
Musique : Benjamin Frankel
Produit par Carol Reed pour London Film Productions
UK
Dans le Londres populaire des années 50, le jeune Joe (Jonathan Ashmore) achète avec son argent de poche une petite chèvre « unicorniste » qu’il prend pour une licorne et qui aurait donc le pouvoir d’exaucer les voeux. Il pense qu’il va pouvoir ainsi concrétiser tous les rêves de son entourage et peut-être même faire revenir son père parti en Afrique depuis deux ans.
Filmé au marché de Petticoat Lane dans le sud est populaire de Londres, « A Kid for Two Farthings » est un conte familial plein de bons sentiments qui fait fi de tout réalisme. Ceux qui cherchent une vision socialement réaliste de ce marché mythique resteront sur leur faim. Le marché prend un aspect quasiment exotique sous l’effet du technicolor sublimé par Edward Scaife. Carol Reed signait ici sa première réalisation en couleurs et ça en jette plein les mirettes !
Les personnages hauts en couleur ne sont pas en reste ! Le délicieux Mr. Kandinsky est un vieux tailleur humaniste qui recueille Joanna et son fils Joe. Il traite ce dernier comme son petit fils et lui raconte des histoires fantastiques avec des licornes qui réalisent tous les voeux, lançant celui-ci dans une véritable quête à la licorne (heureusement pour lui on trouve de tout au marché !). Parmi les employés de Mr Kandinsky, Sam (Joe Robinson) est un culturiste qui espère bien devenir Monsieur Univers mais qui doit faire patienter sa promise (Diana Dors) car il n’a pas l’argent pour lui acheter une bague de fiançailles. Forcé, il acceptera de monter sur le ring pour un match de catch contre le terrible Python (Primo Carnera). Mais Joe est confiant car il a une licorne !
Carol Reed traite son film comme une fantaisie merveilleuse et réussit à nous transporter sans problème dans son univers parallèle enchanteur. Pour qui sait se laisser porter, ce film est une petite merveille.
Certains ont reproché au tout jeune Jonathan Ashmore (sept ans) son accent middle class un peu déplacé. Je ne dirais qu’une chose : de toute évidence ces gens là ne croient pas aux licornes ! Le film n’est tout simplement pas fait pour eux. Jonathan est en tout cas charmant dans ce film et c’est d’ailleurs l’unique fois qu’on peut le voir à l’écran. Le bougre, bien qu’ayant des parents tous deux acteurs (Peter Ashmore et Rosalie Crutchley), a ensuite décidé de passer un doctorat en physique théorique et de faire une carrière universitaire. On ne sait à ce jour si ses parents lui ont pardonné !
Ce n’est pas la première fois que Reed faisait d’un enfant le protagoniste de son film. C’était déjà le cas dans le thriller « The Fallen Idol » (1948). Et c’est un exercice qu’il répétera toujours avec autant de maitrise dans « Oliver! » (1968).
Ce film reste méconnu dans la filmographie de Carol Reed. Il est quasiment introuvable en DVD en 2015 sinon dans un coffret consacré à Diana Dors. C’est encore un oubli tragique qui sera probablement réparé par les prochaines générations de cinéphiles qui crieront au chef d’oeuvre maudit et à l’aveuglement des précédentes générations de critiques !
MAJ août 2019 : Dans son infinie bonté, le BFI vient de sortir « A Kid for Two Farthings » en combo blu-ray/DVD ! Alléluia !
Combo Blu-ray/DVD UK. Studio BFI (2019). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret / Sales Pitches: London Street Markets in Archive Film: archive films of Petticoat Lane and London Bridge market / London After the War: the post-war period is evoked in archive films celebrating the city and its people /
On the Ropes: a strenuous selection of archive films about wrestling and boxing / All in a Day’s Work: actress Vera Day recalls A Kid for Two Farthings and her 1950s film career in a new interview / Interview with Joe Robinson (2006, 17 mins, audio only): the actor recalls A Kid for Two Farthings in this archive interview recorded live on stage at BFI Southbank