Belfast à feu et à sang vu à travers les yeux d’un soldat britannique pris entre deux feux.
’71 (2014)
Réalisé par Yann Demange
Ecrit par Gregory Burke
Avec Jack O’Connell, Sam Reid, Sean Harris,…
Directeur de la photographie : Tat Radcliffe
Musique : David Holmes
Produit par Robin Gutch et Angus Lamont
Thriller / guerre
UK
En 1971, Gary Hook (Jack O’Connell) est un jeune militaire envoyé avec son régiment à Belfast. Suite à une émeute, il se retrouve isolé du reste de la patrouille et devient la proie des catholiques tandis que les opérations spéciales britanniques pensent qu’il pourrait devenir gênant et décident qu’il est peut être temps de se débarrasser discrètement de lui.
« ’71 » est un premier film ambitieux signé Yann Demange. Le réalisateur s’était auparavant fait un petit nom en réalisant notamment les mini-séries « Dead Set » (2008), une satire zombie remarquée signée par l’un des scénaristes les plus en vue du petit écran Charlie Brooker, et « Top Boy » (2011).
Ici Demange s’attaque à un sujet sensible (le conflit irlandais) en se mettant du côté d’un jeune soldat britannique qui se trouve par accident piégé entre les deux camps. Le scénariste Gregory Burke s’était déjà intéressé au sort d’un contingent écossais envoyé en Irak pour la BBC (« Black Watch » en 2007). Il signe ici un scénario assez simple, direct qui s’attache particulièrement au protagoniste principal et laisse pas mal de liberté au réalisateur et aux interprètes.
Ce jeu du chat et de la souris dans Belfast m’a fait un peu pensé à « Odd Man Out » (1947) de Carol Reed. Mais là où ce dernier livre un thriller complexe et humainement fort, Yan Demange s’appuie un peu trop sur sa caméra et ses acteurs pour compenser la relative légèreté des dialogues et de la trame scénaristique (le film se concentre sur l’aventure humaine du soldat sans trop se prendre la tête avec les complexités politiques et humaines).
Le résultat reste réussi et la comparaison avec « Odd Man Out » un peu injuste. Le Belfast de Demange a de la personnalité, et baigne quasi constamment dans une lumière orange (celle des feux de voiture qui brûlent et des lampadaires) – c’est un peu facile soit, mais efficace. Au début des années 70, Belfast est un jardin de ruines dévoré par les flammes de la guerre civile – et Demange force le trait avec un certain fétichisme (dans des interviews, il se dit fasciné par la ruine et la décadence urbaines).
Jack O’Connell, découvert au cinéma dans « This is England » (2006) et « Eden Lake » (2008), livre une prestation tout à fait honorable, et c’est tant mieux car la caméra de Demange passe beaucoup de temps à le filmer. Son personnage de soldat lambda manque un chouïa de personnalité (et les scènes avec son fils n’y changent pas grand chose). On n’a pas assez de détails sur sa personnalité et sa vie avant pour s’attacher complètement au personnage.
Un peu plus de finesse et de profondeur psychologiques auraient fait du bien au film.
[xrr rating=7/10]
DVD zone 2 FR. Studio Ad Vitam. Version originale sous-titrée en français, version française. Bonus : Interview de Yann Demange, interviews des acteurs, Making of