Un film de zombies qui a redonné un coup de neuf au genre. Une jolie réussite signée Danny Boyle et Alex Garland

28 days later (2002)

(28 jours plus tard)

Réalisé par Danny Boyle

Ecrit par Alex Garland

Avec Cillian Murphy, Naomie Harris, Christopher Eccleston, Brendan Gleeson, Megan Burns,…

Direction de la photographie : Anthony Dod Mantle / Production design : Mark Tildesley / Direction artistique : Mark Digby / Montage : Chris Gill / Musique : John Murphy

Produit par Andrew Macdonald

Horreur

113mn

UK / Espagne

JIm (Cillian Murphy) est un coursier londonien qui a été renversé par une voiture. Quand il sort du coma, il se retrouve dans un hôpital désert. Et les rues de Londres sont également sans vie. Alors qu’il rentre dans une église, il se fait pourchasser par un pasteur au comportement erratique, puis par d’autres individus. Jusqu’à ce qu’il tombe sur deux survivants armés, dont Selena (Naomie Harris) qui lui sauvent la vie en abattant les poursuivants. Jim apprend qu’un virus, extrêmement contagieux, sorti d’on ne sait où a transformé les gens en bêtes féroces.

Réalisateur acclamé de « Shallow Grave » (1994) et « Trainspotting » (1996), Danny Boyle s’est ensuite perdu dans deux co-productions américaines moyennement bien accueillies « A Life Less Ordinary » (1997) et « The Beach » (2000). Ce dernier était basé sur un roman à succès du jeune anglais Alex Garland. Malgré cette première collaboration en demi teinte, les deux décident de collaborer cette fois-ci sur un scénario original de Garland mais dans un genre inattendu pour les deux hommes : le film de zombie ! D’autant plus inattendu qu’alors ce sous-genre du film d’horreur n’est plus trop à la mode, peut-être trop marqué par l’emprunte indélébile de George A. Romero (et dont le dernier film de zombie date alors de 1985). 

Le résultat est hautement recommandable. Les vues des rues désertiques de Londres au début du film sont devenues iconiques et, thème classique chez Romero, les zombies servent ici également à montrer que les hommes sont en fait au moins aussi terrifiants que les monstres, poussés dans des situations extrêmes. Néanmoins, Garland apporte une variante intéressante au genre (en comparaison au mort vivant classique version Romero), en créant des zombies particulièrement véloces. Ici l’origine du virus est connue, il est né dans un laboratoire d’expérimentation animale où l’on testait des variantes de la rage. Des activistes pro-animaux libèrent les singes contaminés de leur cage, causant la propagation du virus (il faut à peine une dizaine secondes pour qu’un individu mis au contact avec du sang contaminé se transforme en bête). Le film bénéficie également de personnages bien définis et interprétés par des acteurs de talent. Il s’agit de l’un des premiers rôles importants de l’irlandais Cillian Murphy et de l’anglaise Naomie Harris qui auront la carrière que l’on sait.

Jim est un simple coursier, un monsieur tout le monde, qui se retrouve donc face à une situation extraordinaire et apprend lui-même à tuer pour survivre, jusqu’à se transformer. D’un jeune homme quelconque, il se transformera en véritable machine à tuer (ce qui donne lieu à une très bonne scène vers la fin du film). Cette transformation est d’ailleurs un peu trop extrême pour être complètement crédible mais c’est l’un des messages du film. Pour survivre, l’homme est prêt à toutes les horreurs.

Tourné en numérique (ce qui a aidé l’équipe a tourner très rapidement les séquences qui nécessitaient des décors urbains vides) avec un budget modeste de 8 millions de dollars, « 28 Days Later » engrangera 85 millions de recette dans le monde. De quoi faire renaitre l’intérêt pour le genre. Deux ans plus tard, Edgar Wright et Simon Pegg signent la comédie zombie « Shaun of the Dead » (2004) et Romero revient au genre l’année suivante avec « Land of the Dead » (2005). Enfin, en 2007, une suite au film de Danny Boyle, « 28 Weeks Later » voit le jour, mais avec un réalisateur, un scénariste et un casting différent. Près de 20 ans plus tard, un troisième épisode est en cours de préparation qui marque le retour au genre de Boyle et Garland (ce dernier étant depuis devenu un cinéaste confirmé avec les films de SF « ExMachina » en 2014 et « Annihilation » en 2018 (pour Netflix).

J’ai revu ce film en pleine pandémie covid-19 alors que la France était sous confinement (comme une bonne partie de la planète à des degrés divers). Évidemment on regarde tout à coup un film comme « 28 Days Later » avec un œil neuf. Et même si les gens n’en sont pas à se bouffer, il y a une étrange atmosphère qui n’est que trop familière (notamment quand  Jim traverse un Londres désert. Voir le making-of  est d’autant plus troublant. Celui-ci pose la question d’emblée « L’hypothèse de 28 Days Later est-elle si éloignée de la réalité ? Est-on préparé à résister à une nouvelle pandémie meurtrière ? » Et il est choquant de voir des experts répondre que ce n’est qu’une question de temps : « une pandémie importante est à prévoir à un moment ou un autre. De nombreux décès y seront liés » ou encore « Les maladies contagieuses sont la nouvelle paranoïa frappant les sociétés occidentales. C’est la peur de menaces qui sont imperceptibles. Quelque chose dans l’air qui attend de frapper »

Evidemment, le film existe en DVD et blu-ray sur le territoire français. Mais malheureusement, et assez incroyablement pour un film récent et à succès, il ne semble pas y avoir une copie digne de ce nom. La qualité de l’image est vraiment épouvantable et n’est même pas rachetée par de nombreux bonus (eux aussi avec une qualité digne d’une vidéo cassette vintage).