Une mini-série policière innovante, injustement oubliée, qui mériterait d’être redécouverte et de devenir culte !

Wolcott (1981)

Ecrit par Patrick Carroll et Barry Wasserman

Réalisé par Colin Bucksey

Avec George Harris, Christine Lahti, Warren Clarke, Raul Newney, Martin Dempsey, Mona Hammond, Rik Mayall,…

Produit par Jacky Stoller pour ATV et British Lion Film Corporation

Mini-série 2 x 60, 1 x 110

1ère diffusion : le 13 Janvier 1981

Thriller

UK

Winston Churchill Wolcott (George Harris) est un policier qui ne fait pas dans la dentelle, mais il est efficace. Ses origines jamaïcaines lui valent d’être nommé dans un quartier sensible de Londres, où ses supérieurs espèrent qu’il va pouvoir jouer le rôle de médiateur auprès de la communauté jamaïcaine locale. Mais c’est mal connaître Wolcott !

Wolcott est témoin du braquage armé d’un magasin. Il décide d’intervenir et réussit à immobiliser les deux malfrats. Il est récompensé et promu pour son acte de bravoure mais si sa mère (Mona Hammond) est fière de son fils, son cousin Denis (Hugh Quarshie) lui reproche de se mettre au service des blancs.

Wolcott sait où il va et sait ce qu’il veut. Il est bien décidé à faire face au racisme quotidien dans son nouveau commissariat (où il est bien entendu le seul noir) et aux reproches du reste de la communauté jamaïcaine.

Pour sa première enquête, Wolcott va devoir retrouver le meurtrier d’une vieille femme sauvagement assassinée. Il n’a qu’une seule piste. Un jeune homme noir vu sur un vélo très voyant. Mais son enquête sur ce sordide fait divers va le projeter dans une guerre des gangs entre un voyou blanc, Terry (Warren Clarke) protégé par la police locale, et un jamaïcain Reuben (Paul Newney) qui veut reprendre en main le quartier et a le soutien d’une partie de la communauté.

Seul policier noir du quartier, Wolcott attire également la curiosité d’une jeune journaliste américaine Melinda (Christine Lahti) qui se propose de l’aider contre un échange de bons procédés.

Avec « Wolcott », diffusé en 1981 sur ITV, c’est la première fois qu’un acteur de couleur se retrouve en protagoniste d’une série policière à la télévision anglaise. La BBC répliquera quelques mois plus tard avec « The Chinese detective » !

Scénarisé par un duo Américain Patrick Carroll et Barry Wasserman, « Wolcott » s’inspire notamment de Tibbs, ce détective noir américain interprété à l’écran par Sidney Poitier dans « In the Heat of the Night » (1967) ou encore de la blaxploitation des années 70. Mais il s’inscrit également dans la tradition réaliste, sociale et dure des séries policières britanniques comme Z-cars (BBC, 1962-78) et  The Sweeney (ITV, 1975-78). Avec Jack Regan, le héros de The Sweeney, Wolcott partage son caractère irascible et insolent, qui n’a que faire du regard des autres, et surtout de sa hiérarchie. Mais « Wolcott » va encore plus loin que ses prédécesseurs !

« Wolcott » est une excellente mini série portée par un charismatique George Harris dans le rôle principal. Harris était apparu à l’écran notamment l’espace d’un épisode dans « The Sweeney » ou encore dans des petits rôles au cinéma « Yanks » (1979) et « Dogs of War » (1980). Dans « Wolcott », il transperce littéralement l’écran.

Le reste du casting est également convainquant (on a même droit à un jeune Rik Mayall dans le rôle d’un policier raciste), le rythme bien mené, la violence symbolique et physique bien rendue – et sans fard. Le sang coule et le dernier épisode n’y va pas de main morte ! On notera également que la photo d’excellente qualité est due au grand directeur de la photographie Roger Deakins (Fargo, Skyfall, Blade Runner 2049,…) et la réalisation efficace à Colin Bucksey (devenu aujourd’hui une valeur sûres des séries US – il a réalisé des épisodes des plus grandes séries et a reçu un Emmy en 2014 pour un épisode de « Fargo »).

Bref c’est à se demander pourquoi cette excellente mini-série (un format en outre inédit à l’époque pour la télévision britannique) et qui aurait été vue par 13 millions de téléspectateurs, n’a pas connue une suite (alors que c’était prévu au départ). « Wolcott » était peut être un peu trop en avance sur son époque !

Heureusement, la fin proposée ici tient la route avec son ambiguïté désespérée tout à fait dans le ton du reste la mini-série. La fin est logique, voire quasi inévitable.

Au début des années 80, il était encore rare de voir  la communauté jamaïcaine représentée sur les écrans britanniques. Au cinéma, le film emblématique « Babylon » de  Franco Rosso était juste sorti l’année auparavant.

« Wolcott » a depuis été comme effacée de l’histoire de la télévision britannique. Il n’a jamais été rediffusé et a bénéficié de sa première sortie vidéo en… 2015.  « Wolcott » mériterait d’être redécouvert et on peut remercier l’éditeur anglais Network ! On regrettera néanmoins l’absence totale de bonus sur les éditions Blu-ray et DVD. Une mise en perspective et des interviews auraient été les bienvenues !

Blu-ray ou DVD Network. Version originale avec des sous-titres anglais.

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